Bonjour Olivier, on te retrouve aujourd’hui … sans ton frère ! Vous avez sorti votre album « Avec son frère » quelques jours avant le premier confinement.
Ce 6ème album a-t-il eu l’écho qu’il fallait ?
On trouve que c’est compliqué dans la période. On est pas les seuls. On a la chance d’avoir un public fidèle qui attendait la sortie de l’album. On a un label, ATHOME, qui se bagarre, qui a produit un clip pour Joséphine. On a pas existé autant qu’on aurait aimé exister. On a la chance d’avoir une belle histoire avec un public fidèle donc ça va.
Un album éponyme… pourquoi à ce moment-là ?
C’est des hasards rigolos. Depuis le début, on a décidé qu’on choisissait un des titres d’une chanson de l’album pour nommer l’album. Dans cet album, on avait une chanson : avec son frère. Donc on a trouvé opportun de se servir du titre de cette chanson. Mais en l’occurrence, la chanson ne raconte pas du tout notre histoire à nous, notre parcours. Ça parle de choses plus importantes. Notre 1er album avait un titre qui s’appelait « Bien Zarbos », on l’a appelé comme ça. Pareil pour « Chansons françaises », pour nos 10 ans d’existence.
Sur la pochette, vous êtes front contre front, après avoir été côte à côte. Un message ?
On a trouvé la photo belle. Comme on a eu la chance d’avoir plusieurs albums à faire, les photographes qu’on a rencontrés ont essayé de faire rentrer les deux gars dans la photo de plusieurs façons : on a été dos contre dos, côte à côte… Celle-là, on l’a trouvée sympa. Elle peut raconter une douceur, un conflit. On l’a trouvée intéressante.
Comment vous avez composé cet album ?
On a fait comme on a toujours fait. On écrit chacun des chansons, de façon isolée. On bosse pas ensemble. On peut se retrouver sur des temps de labo où on échappe à nos vies familiales et on se retrouve dans un lieu où on se dit qu’on fait que ça pendant 48 heures.
Depuis quelques albums, c’est plus nous qui réalisons les titres. On a demandé à Alexis Campet, qui avait déjà produit trois titres de l’album « Chansons françaises », que Fredo avait rencontré, s’il voulait bien produire notre album. Ca s’est fait à distance. Quand on recevait ce qu’Alexis avait pu faire sur les titres, on échangeait ensemble.
Par exemple, « Avec son frère », c’est une chanson que j’avais composée et que Fredo a remaniée. Ça a été un boulot à 4 mains. Sinon, on se propose des choses. Si y a des remarques du frangin, on retourne au travail et on essaie d’aller dans la direction indiquée. C’est un peu le pari de Volo depuis le début. On écrit chacun nos chansons et on les chante ensemble. Volo, c’est pas des chansons à 4 mains. Le pari c’était de faire quelque chose ensemble de nos deux univers personnels.
Vous balayez tous les sujets de société avec chacun votre sensibilité. Comment rendez-vous ça harmonieux ?
C’est très sympa merci ! C’est pas calculé. On construit un album. On a toujours plus de chansons et après on voit ce qu’on va raconter. On a envie de se dire que quelqu’un va l’écouter dans la continuité. On n’a pas de recul quand on finit un album. Notre maman, qui l’a écouté avec mon père, nous a appelés pour nous demander « ça va les gars » ? On a toujours été assez nostalgiques et mélancoliques.
Là on a un album qui est doux, intime. En ce qui me concerne, un peu de repli sur soi. Mais ça ce sont des choses qu’on découvre après coup, comme une photographie d’un moment.
« Jeunes et beaux », dans un carton à la cave. Mais vous faites de votre mieux pour ne pas vivre trop vieux. Comment faites-vous pour rester dans l’air du temps de votre public ?
Avec Fredo, on a l’impression de ne pas être dans l’air du temps en ce moment. Mais on a la chance d’avoir des gens qui nous font la gentillesse de nous voir en concert et d’aimer nos chansons. On a dit de nous qu’on était des « poètes du quotidien ». On a un public assez large avec des gens qui grandissent avec nous, pour ne pas dire vieillir. Quand on écoute notre 1er album, on comprend que moi je galère à trouver une stabilité affective. On comprend que Fredo est papa. Et plus on avance, plus on finit par comprendre que j’ai fini par être papa. Je ne sais pas ce qu’on fera comme chansons quand on aura 70 ans. On aime beaucoup parler de ce quotidien. Dans cet album, on remarque qu’on a toujours pas compris ce qui se passe avec le temps qui passe. On est dans l’air du temps mais on ne comprend pas grand-chose quand même.
Olivier, Joséphine c’est ta fille. Une chanson, un clip. Elle le vit comment ?
C’est une toute petite fille de 6 ans. Elle n’est pas encore venue me voir en concert. C’était très émouvant pour moi de la voir écouter pour la 1ère fois cette chanson-là. C’est une petite fille qui a un handicap dans l’expression. C’est une chanson très écrite, donc on a eu des discussions rigolotes car elle était curieuse de savoir ce que je racontais dans la chanson, qui était Bashung. Elle était déçue. Au départ, le réalisateur, Fabrice Edouard, qui est un canadien, puisse être en France, avec l’idée de faire une vidéo avec nous, voire avec ma fille.
Vous faites des ateliers d’écriture avec des collégiens. Raconte-nous !
Il y a 5 ans on a animé des ateliers d’écriture de chansons pour adulte dans le cadre d’un festival, avec une MJC qui organisait ça près de chez nous. On a bien aimé. On s’est retrouvés à faire un gros truc avec plusieurs collèges, avec toute une matière à mettre en chansons. C’est une transmission, le plaisir d’écrire une chanson est sympa à partager dans un cadre pédagogique.
Vous deviez faire une tournée, annulée du fait du confinement. Vous êtes remontés sur scène ?
Oui, on a refait quelques concerts à la fin de l’été, en plein air. Après, on avait à la rentrée l’idée de défendre l’album. On produisait des dates qu’on a redécalées au printemps prochain. Il y a toute une machine un peu enrayée. On produit des dates pour faire venir des pros, pour qu’ils viennent voir ton nouveau spectacle et que ça les encourage à te programmer dans leurs salles à la saison d’après. On est tous en décalage total par rapport à une façon de faire.
Avec Fredo, on est évidemment impactés dans notre économie parce qu’il se passe. Mais on est aussi très impactés par ce que tu disais tout à l’heure, à tous les secteurs. Dans nos difficultés, on a du bol, parce qu’on a des choses qui nous sont garanties un certain temps. Je connais des situations beaucoup plus tristes et angoissantes.
Vous avez ré enregistré « C’est toi ». Pourquoi ?
Pourquoi pas ? On avait dans notre histoire envie que nos partenaires puissent avoir des cartouches à jouer en médias, en radio. Sur un album précédent, on avait reproduit un titre qu’on avait fait dans l’album d’avant. Parce que sur YouTube, c’était une vidéo qui sortait du lot. On s’était dit qu’avec notre petit label de l’époque on aurait dû essayer de dire bonjour avec cette chanson. Sur « C’est toi », comme on a vu que pour les gens cette chanson était particulièrement touchante et que sur YouTube un amateur avait sorti une vidéo qui avait fait plus d’1 million de vues, on a dit au label qu’on voulait la refaire. Alexis nous a proposé un arrangement qu’on trouvait très sympa. Les gens nous ont dit merci pour cette nouvelle version.
Une phrase à compléter pour terminer. Aujourd’hui « je me demande quand même » ….
Ah, dis donc… Quand est-ce qu’on va pouvoir refaire des concerts ! Si Trump va être réélu ?
Retrouvez toute leur actu sur volo.fr Crédit photo : Yann Orhan
Chroniqueuse / Live report / Interviews