« Partagez-vous le même sentiment de défaite ? As-tu réalisé tout ce que tu ne seras jamais ? Le chanteur de Against Me! a chanté ces mots dans le refrain de « Ache with Me », un extrait de leur album de 2010 Croix blanches. Ces lignes deviendront plus significatives au cours des quatre années entre sa sortie et leur album suivant, 2014. Dysphorie Blues Transgenre.
Laura Jane Grace s’est révélée être une femme transgenre en 2012, recontextualisant de nombreuses personnes plus âgées de Against Me! des paroles, comme le deuxième couplet de « The Ocean » de 2007, qui commence par « Si j’avais pu choisir, je serais née femme/Ma mère m’a dit un jour qu’elle m’aurait nommée Laura ».
Dysphorie Blues Transgenre signifie beaucoup pour beaucoup de gens : un éventreur punk brutalement honnête qui lutte avec les sentiments de l’artiste à l’égard du fait d’être trans. Mais ce n’est pas seulement un album sur ce sujet, mais il traite également de la dissolution de son mariage. Selon les mémoires de Grace, publiées en 2016, leur divorce était en grande partie dû à sa transition. Comme Dysphorie Blues Transgenre s’attaque à l’existence dans un monde qui n’est pas fait pour elle, elle plonge dans la douleur du coucher de soleil sur un amour autrefois affirmé.
Le lien entre ces deux thèmes apparaît immédiatement dans la chanson titre d’ouverture de l’album. Les couplets présentent des représentations explicites de la dysphorie de genre, tandis que le pré-refrain entre en scène avec l’agonie de ne pas être vu comme vous souhaiteriez être vu : « Vous voulez qu’ils vous voient comme ils voient toutes les autres filles/Ils voient juste un f**. ***. C’est dans le refrain que se cache la vraie blessure. Grace répète plusieurs fois : « Des vagues agitées sur la côte/J’aurais aimé pouvoir passer toute la journée seule », avant d’ajouter la phrase « avec toi ». Face à toute cette souffrance et cette acceptation, elle veut juste de la compagnie.
Ce concept de désir d’affection est évoqué tout au long de l’album, comme sur le banger « Unconditional Love », dans lequel elle répète sur un hymne punk percutant : « Même si ton amour était inconditionnel/Ce ne serait toujours pas suffisant pour sauve-moi. » C’est finalement un point muet, car conditionnel.
Nulle part sur l’album la perte de cette relation n’est plus clairement représentée que sur « FUCKMYLIFE666 ». Les couplets la voient à nouveau mélanger ses sentiments de dysphorie avec la douleur de se séparer de sa femme, tandis que le refrain voit le point culminant cruel de cette prise de conscience : « Toutes les choses sont faites pour être détruites/Tous les moments sont destinés à passer ». La futilité de la situation est pleinement réalisée à la fin du morceau avec : « Cela aussi va bientôt glisser hors de portée/Cela aussi va bientôt prendre fin. » Ce morceau est le plus triste de l’album, mais présente l’un des riffs les plus accrocheurs de tout leur catalogue.