Mamusicale a eu l’honneur de rencontrer un artiste avec un grand A, monsieur Thomas Fersen. L’année 2017 pointe déjà son nez. C’est l’occasion pour Thomas de nous parler de la sortie de son prochain disque.
Bonjour Thomas,
Bonjour
L’album que tu t’apprêtes à sortir s’appelle « Un coup de queue de vache », il sera dans les bacs le 27 janvier 2017. As-tu choisi ce titre suite à une expérience personnelle ?
Oh oui ! (rire…) plusieurs fois. J’en ai pris quelques uns. C’est un titre à la fois personnel et universel. D’abord, le coq qui prend un coup de queue de vache, c’est le symbole de la France. Il peut y avoir une référence au fait que nous soyons un peu secoués ces temps-ci et aussi à titre personnel. Ça arrive à tout un chacun de prendre un coup de queue de vache quand on s’approche trop près.
Pour ce 10 ème album, comment as-tu abordé l’écriture et les sujets traités ?
Oh, je n’aborde pas l’écriture, elle vient à moi. J’écris par plaisir et je ne me force pas. Ce n’est pas une question que je me pose, les idées me viennent et l’écriture est juste le moyen de les mettre sur un papier. Je ne me mets pas en état d’écriture. J’ai de la fantaisie dans ma pensée qui m’amène des idées que je note. C’est aussi simple que ça (rire…). J’ai un certain sens de l’observation, un petit réflexe de désobéissance par rapport à ce qui peut se passer autour de moi, un petit recul amusé des choses mais jamais supérieur.
Y a-t-il un sujet dans cet album que tu n’avais traité avant ?
Il y a surtout le sujet de l’amour. Je n’ai pas fait beaucoup de chansons d’amour dans ma carrière mais là, il y a une vraie chanson d’amour qui est « les Petits Sabots ». Cette chanson est l’essence même de l’amour parce que c’est l’histoire d’une jeune fille qui dans les baisers de son amoureux au cou de chevreuil retrouve le bois de son enfance où elle s’est cachée dans un buisson. C’est pour moi l’essence de l’amour, la vérité d’une personne qui d’un seul coup dans l’amour, revient.
Qu’est-ce que tu aimes en premier dans les mots, leur sens, leur musicalité … ?
Le sens, sa musicalité, sa précision, sa capacité à dire quelque chose, à peindre un sentiment, une situation ou encore une vérité. C’est ce qui est fascinant dans le langage.
Mais toi, qu’est ce qui te touche le plus ?
C’est tout ça. La capacité à dire exactement sa pensée, la musicalité des mots, l’esprit que l’on peut mettre dans le choix des mots, la façon de les tourner, de construire ses phrases. La vérité est dans le style plus que dans ce que l’on dit. J’ai une disposition pour le langage. Je suis né comme ça, mon père l’avait et l’un de mes fils semble l’avoir aussi. Le goût de dire précisément sa pensée. Même en disant précisément sa pensée, il y a toujours une place pour le malentendu…
Laisses-tu une place à l’interprétation ?
Oui ! Pour celui qui va écouter, je laisse dans mes paroles, son imagination se mettre en route, éventuellement pour qu’il aille dans des régions qu’il ne connait pas ou peu. Je sais que dans mon langage, il y a des espaces, je le sens. Je sais manipuler ce genre de chose.
« Tu n’as pas les oreillons » est un des 11 titres qui composent ce nouvel album. Qu’est ce qui t’a inspiré ce sujet ?
C’est une chanson sur l’adolescence. J’avais eu cette idée de : « ma mère avait une vache ; une vache à robe pie ; au lieu de compter ses tâches, comme font les enfants … » (car ils jouent parfois à compter les tâches des vaches) ! et bien ils regardent ses gros pis car tout à coup c’est la grande catastrophe de l’adolescence et ils diabolisent les soutiens-gorge.
Le disque dans son ensemble se passe dans une ferme. Lui, c’est l’adolescent de la ferme, le benjamin. Il voit dans les soutiens-gorge qui sèchent quelque chose qui d’un seul coup lui fait mal au ventre.
Si je définis ton univers comme étant de la poésie moderne, parfois décalée, de la chanson française. Te retrouves-tu dans ces mots ?
La question de la chanson française, je ne me la pose pas. Je n’en ai jamais beaucoup écoutée, ou tard. La seule que j’ai vraiment écoutée c’est de la chanson paillarde quand j’étais enfant, que j’ai retenue spontanément et que j’ai pratiquée. Je n’ai pas vraiment le souvenir d’avoir écouté de la chanson française sinon un peu par l’intermédiaire de ma sœur qui achetait des disques. J’ai bien compris, quand j’ai commencé à en faire que je marchais dans les pas des autres mais je ne me pose jamais cette question.
Et concernant la poésie ?
Je suis grand lecteur, j’aime lire. C’est un compagnon dans ma solitude. La 1ère fois que je suis parti en voyage seul, j’ai pris un livre. C’était « La montagne magique » de Thomas Mann. Mon père voulait absolument me faire lire ce livre depuis des années. J’ai donc pris ce livre chez lui et je suis parti sans savoir ce que j’allais emmener. Et puis ce livre m’a mis le pied à l’étrier. J’ai commencé à lire et à avoir un véritable compagnon de cœur, qui me rassurait, qui me tenait chaud, puisque je voyageais seul. J’avais du mal à rencontrer des gens. J’étais dans un pays dans lequel je ne parlais pas la langue après j’ai rencontré des gens mais au début j’ai eu beaucoup de solitude. J’ai toujours eu des attachements pour les auteurs que je lis. Ce sont des morts peut-être mais j’ai eu des échanges avec eux parfois plus vivants qu’avec les vivants.
A partir du 21 mars tu emménages au théâtre de l’Œuvre, 3 cité Monthiers dans le 9eme arr. de Paris jusqu’au 1er avril. Peux-tu nous en parler ?
C’est un spectacle qui est fait de chansons du dernier album, de chansons plus anciennes mais aussi des monologues en vers. Ils sont écrits non pas pour être mis en musique mais ils ont une forme très proche de mes textes de chansons c’est-à-dire qu’ils sont en vers, avec des nombres de pieds réguliers parfois impairs quand il faut exprimer des choses un peu ambigues. Parfois ce sont des dialogues entre deux personnages que j’incarne sur scène. Le spectacle est fait de ces chansons et de ces monologues mais sans rupture. C’est toujours le même personnage qui déambule à travers les histoires. Je suis seul en scène sans musicien au théâtre mais j’ai aussi un spectacle avec le quintet pour le nouvel album.
Où te sens-tu le mieux, sur scène, en studio ou chez toi ?
Sur scène ! De plus en plus c’est là où je me sens le mieux, même mieux que chez moi. Je dis ma vérité profonde dans l’instant, j’arrive à la dire parce que c’est autorisé, les codes le permettent et certaines barrières disparaissent.
Pourrais-tu être ton ami ?
Je ne me comprends pas toujours !
Quel est ton péché mignon ?
Le confort, j’aime un bon fauteuil. Quand je suis assis sur un strapontin, ça va cinq minutes (rire…)
Merci Thomas pour cet échange
Merci à toi
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