TERRENOIRE, 2 FRERES NOUS OUVRENT LEUR COEUR

On le désire un peu tous le Black Paradiso. guidé par une fraternité, TERRENOIRE a sorti son premier album du même nom ce dernier mois  d’Août.

Théo (24 ans) et Raphaël (30 ans) nous racontent un voyage qui nous est propre à chacun. Rempli de détails, de belles choses, d’émotions sincères, c’est un album peaufiné d’une production propre à eux-mêmes.  C’est justement à coté de St-Etienne, à Terrenoire, que commence le voyage des deux frères avec qui j’ai eu l’agréable chance de converser.

Comment vous est venue l’idée de fondée Terrenoire

Théo : Le groupe a été fondé après un concert acoustique guitare/voix à Lyon. Raphaël n’avait pas très envie de le faire et il m’a proposé de réarranger son répertoire avec une musique plus électronique. Et on a fait ça en quelques jours. Le lendemain, ça tombait sous le sens de créer un groupe ensemble.

Chanter en français a-t-il été un choix?

Raphaël : Tous les deux, au début, on a eu des projets en anglais. On écoutait principalement de la musique anglo-saxonne. La langue française est « moins facile ». Notre oncle jouait dans un groupe dans lequel il chantait beaucoup en français. Nos premières émotions de scène c’est quand même de l’accompagner en chantant en chœurs. On a eu un rapport avec le live assez tôt.

Dans Derrière le soleil, vous parlez à / de votre père qui n’est plus. Qu’est-ce que cet homme vous a apporté ?

Notre père était très mélomane, il aimait beaucoup la musique. Musicien, ce n’était pas son métier du tout, mais il jouait un peu de guitare. Cet instrument traînait chez nous. Il était notamment très admiratif de notre oncle justement et c’était réciproque. Ca ne l’aurait pas déplu d’être musicien. Il nous a beaucoup encouragé à faire de la musique. Nos deux parents nous ont transmis l’idée qu’on pouvait être singulier, avoir un rapport au monde particulier. D’être artiste finalement… On était encouragé.

Jusqu’où s’étend votre implication dans la réalisation d’un titre ?

Théo : Je suis producteur. On est auteur-compositeur de tous les titres. On a fait, je dirais, environ 70% de la production. On a un ami qui s’appelle Lucas (instagram :@felower_) qui nous a aidé avec des instrus additionnelles sur certains titres ; et même à créer quasiment l’intégralité des titres comme La Fin du Monde.

Sinon, on fait tout. On a notre studio dans le 17ème arrondissement à Paris. On a des notions de claviers qui nous permettent, grâce à la musique électronique, de tapisser l’album. Pour ce genre de musique c’est quand même important de mettre sur pied un morceau entier soi-même.

Qui écrit ?

Raphaël : C’est plutôt moi, Théo a écrit Dis-moi comment faire intégralement. On co-compose et co-écrit. L’un et l’autre y trouve sa facilité.

Vous avez sorti un clip pour Mon âme sera vraiment belle pour toi, avec un style qui s’est imposé, une belle production. Cette extension artistique qui prolonge votre musique, vous avez un impact dessus ?

Raphaël : On a réalisé plusieurs de nos clips. Je crois qu’on en a réalisé 6 ou 7 ! Les tout premiers, ceux du titre de l’EP. Tous en fait sauf celui-ci, où on a un peu lâcher du lest. On s’est laissé porter, c’était plaisant.

Théo :  On avait pas mal de symboles qui revenaient dans les clips, comme la lune, le soleil, les forces contraires… Ça revient tout le temps. On en avait fait part à Elisa Baudouin (real) et Loumir Orsoni (directeur de production) qui ont travaillé sur ce clip. Ils ont trouvé l’équilibre entre ce qui nous plaisait / leur plaisait, en gardant tout notre « champ de symboles ».

Raphaël : Si tu regardes bien, la pochette de Mon âme sera vraiment belle pour toi, c’est un peu le verseau de notre tout premier EP. Sur ce dernier c’est une course qui s’aventure dans une forêt. Sur la pochette de Mon Âme c’est un peu la même image, sauf qu’on revient et on s’approche de cette grande lune qui peut être représentée par le Black Paradiso. 

Le Black Paradiso, c’est cette chose que l’on veut atteindre mais aussi le nom de notre label. On cache un peu des petites choses comme ça.

Quelles sont les plus fortes influences que vous ayez eu pour faire cet album ?

Raphaël : Pour cet album particulièrement, je pense que ça a été en partie influencé par l’album Carrie & Lowell de Sufjan Stevens dont on a beaucoup parlé. Il y a quand même toujours l’ombre d’un des albums qui nous a le plus « mis d’accord » avec Théo, en tout cas qui nous a tous les deux le plus impacté ces dernières années : Blonde de Frank Ocean. Il y a quelque chose d’inestimable dans le geste qu’il a réussi à faire. Il a torpillé la Pop, le Rap, le RnB, un pas de côté par rapport à ce qui se faisait avant. Pour nous c’est un album vraiment important.

Sur le titre Ça va aller, vous avez parlé de l’amour de la mort, des racines aussi. Cet album est sincère, quel en est le message principal, personnel ?

Raphaël : Le principal est de dire qu’il y a toujours une possibilité de se régénérer, de toutes les situations. On voulait une métaphore avec une morale qui disait simplement « ça va aller ». On se dirige toujours vers quelque chose qui va nous élever, c’est intime, philosophique. Nous élever en tant qu’individu, qu’être humain. L’obstacle nous révèle à nous même. Dans la chanson La où elle est, « il y a quelque chose de plus grand que moi ». La vie peut-être…

Une petite phrase sur les concerts dans Derrière le Soleil, comme quoi vous étiez fait pour ça. On va vous retrouver sur scène après cette tempête ?

Bien sûr qu’on revient avec des concerts mais la situation actuelle et son imprévisibilité ne nous permettent pas d’assurer des dates.

On meurt d’envie de retourner sur scène ! On réfléchit aux solutions pour tout mettre en œuvre, c’est ce qu’on veut. On n’a pas peur des concerts avec les distanciations sociales. On préfère que ces choses-là existent plutôt qu’elles n’existent pas. Dans n’importe quel endroit on voudra défendre ces titres sur scène, une Cigale se défile…

C’est un bel album, un bon moment, c’est bien fait, ça nous emmène. Bravo Terrenoire, et merci beaucoup.

Ecoutez leur musique sur les plateformes de streaming.                                  Crédit photo : Ines karma

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