SLIM PAUL – DEAD ALREADY

Au royaume du Blues, l’usage et les bonnes manières exigent de se présenter. En adoptant de préférence un surnom.

Une tradition héritée du jazz et son goût prononcé pour les titres de noblesse, produisant des ducs (Duke Ellington), des Comtes (Count Basie), un Président (Lester Young), parfois des rois (King Oliver) mais surtout un oiseau rare (Charlie Barker, The Bird) !

Le Blues n’échappe pas non plus à cette dérive aristocratique, mais invite également à sa table  des Little (Little Walter, Little Milton Little Bob Story), plus souvent des Big (Big Joe Turner,  Big Bill Broonzy, ou Big Joe Williams) ou des Slim (Guitar Slim, Memphis Slim). Indéniablement, l’équipe des Slim marque ici un point décisif en recrutant une nouvelle référence, le bluesman toulousain Slim Paul. Pas vraiment novice, l’ancien de Scarecrow (Chant/Guitare) œuvrait déjà au sein de cette formation conjuguant avec talent hip hop, rap sur fond de blues. Une orientation originale ! A découvrir ou redécouvrir donc.

Avec “Dead Already“, sorti le 13 avril 2018, Slim Paul tourne une nouvelle page et enregistre sous son propre nom, un premier album solo, mixé aux Etats Unis. Accompagné de Jamo (Drums), Manu Panier (Bass), musiciens et arrangements, Slim Paul (Guitars&Vocals) évolue en trio et imprègne ses compositions d’une forte empreinte rythmique.

Au programme, douze titres et une confirmation. Slim Paul maîtrise son ou plutôt ses sujets. Car cet album se révèle être une belle mosaïque, combinant du blues bien sûr, du gospel, du folk blues, du rhythm’n’blues, du rock, de la soul pour un bel hommage rendu à la musique afro-américaine.

One Of These Days“, sobre incantation sous tension, aux intonations Gospel, quasiment a cappella,  introduit l’album et révèle une belle voix rauque, éraillée et envoûtante, marque de fabrique de Slim Paul. Coup de cœur pour “Stuck In My Own City” rythme lent, musical qui renvoie parfois aux sonorités des Doors, “Lady Sorrow” propose une alchimie percussion/guitare qui permet à l’électricité d’entrer et d’éclairer rageusement l’album. “Let Me In, Same Morning, Beauty N The Beat, blues rock énergiques confirment le beau talent de compositeur et d’interprète de leur auteur. “Nola Song” (abrégé local pour News Orleans Louisiana) calme les esprits et nous permet de retrouver les accents, les marches et les cuivres de la News Orléans. Mention spéciale.

Come And Play, Buried Land, Long Gone” contrastent avec les phases fortes de cet album et  font place à des compositions délicates, au caractère folk blues, plus intimistes révélant la sensibilité de Slim Paul. “Free Talk”, complainte tendue, s’efface devant le titre éponyme de l’album. Dernier titre étiré, “Dead Already“, conclut superbement cet opus de façon puissante, par un cri, une longue plainte musicale, magistrale menée à la manière d’un Purple Rain de Prince ou d’une longue improvisation fidèle à l’esprit de Jimi Hendrix, l’enfant voodoo.

Au final, un exercice très maîtrisé qui va bien au-delà des frontières classiques du blues pour rassembler et conquérir un public élargi. De l’acoustique, de l’électrique, du caractère, du rock, du blues, des ballades mélodiques soutenues par une voix qui interpelle et captive. Un album inspiré sans temps mort ni déchets. A défaut d’être déjà mort – Dead Already – Slim Paul peut déjà se vanter de revivifier la scène musicale française !

Pour Mamusicale, à n’en point douter ce Slim là a bien l’étoffe d’un Big ! Retrouvez toute son actualité sur slimpaul.com

Rédacteur Jazz & Blues/Rock