Bonjour Ludovic, comment traverses-tu cette période un peu étrange pour le monde de la musique?
Etrange et dure à vivre pour les djs qui ne peuvent plus s’exprimer , le public qui ne peut plus participer, les tourneurs sans concerts à prévoir, les musiciens, les techniciens qui sont à l’arrêt…depuis 1 an !
Personnellement , je suis en ‘’perpetual lockdown’’dans mon home studio la nuit.
Qu’est-ce qui t’as amené à la musique et à quel âge as-tu décidé d’en faire ton métier ?
A 15 ans j’étais plutôt sportif , moi c’était le Windsurf, casque avec Bob Marley dans les oreilles .Plein de souvenirs à l’école de voile des Glénans .Je voulais être professionnel. J’ai eu un accident qui m’a immobilisé assez longtemps et j’ai dû stopper le sport , je me suis penché sur les ordis, et trouvé une autre direction , celle de la musique.
Tu te définirais plus comme un producteur, un musicien, un ingénieur du son, un DJ ou un peu tout ça à la fois?
Oui un peu tout ça. Tu as oublié Chef d’orchestre !
Tes disques/morceaux ont parcouru la planète, pourtant peu de gens savent vraiment qui est à l’origine de ces morceaux, est-ce une volonté de ta part de rester dans l’ombre?
Je suis assez réservé , solitaire et concentré sur la musique .Quand je suis en tournée c’est une autre histoire ! Nous sommes 14 sur la route avec beaucoup de choses à gérer , c’est une équipe humainement au top. Je n’aime pas trop apparaitre ,en concert je suis en fond de scène ..Il y a aussi une équipe dans l’ombre comme mon agent et ma manager qui me connaissent et me préservent .
Tu as été considérablement influencé par le jazz et le blues, est ce que tu as une discothèque particulièrement fournie, et quels sont les artistes qui t’ont le plus marqué?
J’ai une petite collection, surtout de vinyls, mais pas aussi fournie qu’un vrai connaisseur .
Je ne vais pas être très original en te citant des artistes comme Miles Davis, Herbie Hancock, Freddie Hubbard, Charlie Mingus, Dizzy Gillespie, pour le Blues, Johnny Lee Hooker, Lightnin’ Hopkins, Muddy Waters, Skip James, R.L. Burnside que j’ai intégré dans l’album de 2015.
Ton troisième album sorti en 2015 nous offrait des sonorités très “world music”, où l’on pouvait entendre de la kora(instrument à corde originaire du Mali) ou des chants traditionnels Maliens. Qu’est ce qui t’as amené à explorer la culture africaine ?
En général, je suis toujours à la recherche d’autres inspirations musicales comme pour l’album de 2015 avec le Mali .J’essaye aussi de ne pas me répéter J’aime bien la world music La Musique Africaine a influencé le Blues ,beaucoup utilisé dans mes productions, et même l’électro. Elle est cyclique, et la techno que l’on faisait lorsqu’on était jeunes aussi. Le déclic s’est passé quand j’ai découvert les chasseurs du Mali. Les «donsos» – ce sont des espèces de prêcheurs / guérisseurs un peu chefs du village – que je me suis dit que j’avais trouvé ma direction
“Tourist” est sorti en 2001 et a été un succès international avec plus de 2,8 millions d’albums écoulés, il s’est écoulé 20 ans et en ce début d’année 2021 sort Tourist Travel versions. Le titre est-il lié au temps que tu aurais pris pour voyager à travers le monde et qu’est ce qui t’as donné envie de sortir une nouvelle version de cet album?
Tourist est sorti en 2000 et a vendu 4 .000 .000 à ce jour
Le prétexte était de fêter les 20 Ans de Tourist
J’ai approché les djs Producteurs de différents pays que j’écoutais en 1990 comme Jovonn US , Nightmares On Wax UK , Ron Trent US et ils m’ont rejoint .D’autres comme Moodyman, Louie Vega, Kenny Dope , Kerri Chandler travaillaient sur leur projet perso Trop court en timing .Next time…
M’ont rejoint aussi sur ce voyage ceux qui avaient déjà remixé certains titres de mon dernier album africain”St Germain” en 2015 Dj Deep/Fr, Terry Laird /Réunion Island , Traumer /Fr et bien sûr Atjazz -Martin Iveson Uk . Je tenais à des « versions » venant d’Afrique du Sud avec Black Motion et Julian Gomes . Invité aussi Osunlade/ USA . Tous ont eu entière liberté de choix du titre et d’interprétation.
Les moyens de productions actuels permettent de composer/enregistrer des morceaux à peu près n’importe où, cette évolution a-t-elle changé ta manière de travailler au fil des ans?
J’ai toujours la même façon de travailler depuis 1994.
Une fois les compositions faites, j’enregistre l’intervention des musiciens , un par un , ainsi que les voix et je construis seul la version finale ,ce qui prend beaucoup de temps parce que je suis rarement satisfait , et je passe au mixage.
La manière d’écouter de la musique a également beaucoup évolué, les plateformes de streaming ont profondément changé l’économie de l’industrie du disque et de la musique, est-ce que ça a modifié ta manière d’appréhender la création?
Comme tu le dis si bien, les plateformes de streaming et de ventes ont profondément changé l’industrie de la musique, surtout pour les CD. Les vinyls eux sont encore d’actualité. J’aime le plaisir d’avoir un vinyl en mains. Ce changement n’a rien modifié dans ma façon de travailler . Je suis mon propre producteur avec une entière liberté de création. J’étais déjà dans cet état d’esprit à l’époque, notamment avec l’album Boulevard en 1995, qui était totalement à contre-courant de ce qui se faisait dans les nouvelles musiques.
Quels sont tes projets après la sortie de Tourist Travel Sessions?
Je suis en studio actuellement pour un nouvel album ….avec les musiciens à distance. Les tournées me manquent aussi ..Impossible d’y penser pour l’instant.
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