Rencontre avec BOULEVARD DES AIRS : « Cet album est né de l’échange avec notre public ».

Après 4 albums et des dizaines de tubes au cours de ces 10 dernières années, le confinement a permis à Boulevard des Airs de tirer un premier bilan de leur carrière musicale. De ce bilan est né un album qui paraîtra ce 19 février. « Loin des yeux » vient de l’envie de compter l’histoire du groupe tout en revisitant les tubes qui ont marqué cette aventure. Rencontre avec Sylvain et Florent.

Cet album n’était pas prévu au départ, à partir de quel moment avez-vous commencé à le réfléchir en tant qu’album ?

Florent : Très tard. Le premier titre est né au mois de mars lorsqu’on était à peine confiné. On avait donné un rendez-vous quotidien aux gens sur nos réseaux sociaux pour faire des live. Dans le même temps, on continuait d’échanger avec nos copains artistes et on se disait que ce serait sympa qu’on fasse des lives communs et d’échanger nos répertoires. On s’est rendu compte que les gens adoraient redécouvrir nos titres avec un nouvel interprète. Au fil du temps, on avait une quinzaine de duos plus ou moins bien enregistrés. Le confinement a duré donc on a eu le temps de réfléchir, de se poser, de faire un petit point de nous-même. On a retrouvé pas mal d’images d’archives. De là, des thèmes sont sortis, on a commencé à écrire, à faire des prods. Et puis pendant les live, on racontait des histoires parce qu’on prenait le temps de discuter avec le public. Finalement, beaucoup n’étaient pas au courant de l’histoire derrière les succès qu’il y a eu ces dernières années. Donc l’envie est vraiment partie de raconter quelques anecdotes en musique. Petit à petit, on avait une dizaine de titres relativement bien produits pour qu’on commence à se dire : mais qu’est ce qu’on va en faire ? C’est vraiment de là qu’est partie l’idée de cet album, de l’échange avec notre public.

Avez-vous rencontré les artistes pour enregistrer ou est-ce que tout s’est fait à distance ?

Sylvain : Ça dépend. Au début, avec Lola ou Jérémy par exemple, c’était vraiment à distance car on était confinés donc il n’était pas question de traverser la France pour aller enregistrer. Plus tard, on a pu recevoir Tibz, on est allé voir Claudio, Gauvain… Certains sont à l’aise à distance et d’autres préféraient vraiment qu’on soit en présentiel donc ça dépend pour chaque titre.

Est-ce que vous avez vraiment photographié votre pochette d’album chez vous ?

Sylvain : Oui, c’est chez nous ! On a vraiment imprimé les photos pour les coller au mur.

Florent : Bon depuis on les a décollées. On a plus Patrick en premier plan sur notre bureau (rires) !

Parmi tous vos invités, quel est l’artiste que vous avez connu en premier ?

Sylvain : C’est Tryo. En 2013, ils nous avaient invités à faire leur première partie en Zénith puis à Bercy. Quelques années après, on les avait invités sur notre titre « Ici ». C’est vieux tout ça (rires) !

Comment êtes-vous tombés d’accord sur les titres à reprendre sur cet album ? Est-ce que ce sont les invités qui ont choisi les titres ou est-ce que vous aviez des envies particulières ?

Florent : Un peu des deux. Etant donné que tout est parti des lives, on reprenait en premier les chansons que les gens avaient le plus envie d’entendre et c’était souvent les mêmes qui revenaient. On avait vraiment envie de faire plaisir au public. Globalement, tous les titres qui ont marqué le groupe sont sur cet album. Après, on les a redistribués selon les univers et les envies de chacun pour que chaque artiste se sente mis en valeur.

Certaines chansons sont vraiment calibrées pour vos invités, je pense notamment à « Mamie » avec Gauvain Sers puisque cette chanson ne fait pas partie des plus connues de votre répertoire.

Sylvain : Pour Gauvain, on avait vraiment pensé à « Mamie » mais on ne lui avait pas dit. Puis on lui a écrit pour l’inviter et on lui avait dit de choisir le titre qu’il voulait dans toute notre discographie. Et il nous a répondu qu’il était vraiment tombé amoureux de la chanson Mamie.

Parmi les titres inédits sur cet album, la chanson Abécédaire m’a fait beaucoup rire. A quel moment est-ce que vous vous êtes dit : Ok on va faire un titre dans lequel on va citer toutes nos inspirations musicales ?

Florent : Parce qu’on nous le demande tout le temps (rires) ! C’est vraiment difficile de répondre à cette question et d’autant plus pour nous en tant que groupe car chacun a des influences différentes donc c’est une question à laquelle on n’arrive jamais à répondre. Cette chanson c’est un clin d’œil à ça. Ce qui serait excellent c’est qu’on l’apprenne par cœur et qu’on cite tout en conférence de presse la prochaine fois (rires ) !

Sylvain : Dans un premier temps, les gars ont bossé les prods, la musique. Et puis à partir de ça, j’ai posé des mots. Par exemple, il y a une musique qui m’a directement inspiré le souvenir du Déserteur. Celle-ci m’a donné envie de faire quelque chose de léger, presque humoristique.

Tu parlais justement du Déserteur, je me demandais si d’autres chansons vous avaient déjà échappées comme tu l’expliques dans l’enregistrement ?

Sylvain : C’est le cas pour énormément de chanson. Je pense par exemple à Bruxelles après les attentats alors que ça n’avait aucun rapport.

Florent : Bruxelles, c’est incroyable la résonance que ça a eu en Belgique. On devait y jouer lorsqu’il y a eu les attentats et le concert a été annulé. Quand on est retourné jouer là-bas, on avait reçu un accueil vraiment incroyable ! C’était la folie, les gens hurlaient pendant la chanson, à tel point qu’à la fin du concert, ils ont redemandé un rappel et nous ont obligé à rejouer Bruxelles ! La salle était rallumée, mais on a rejoué Bruxelles et c’était incroyable. Depuis, chaque fois qu’on y joue, on dirait que les gens se sont passé le mot car on a toujours le droit à un deuxième rappel pour Bruxelles.

Est-ce que vous pouvez me dire ce que vous racontez dans le titre « Mais depuis quand » ?

Sylvain : Il y a plein de choses qu’on voudrait dire, notamment dans ce contexte. J’ai écrit cette chanson après le meurtre de Floyd. On voulait rendre hommage à plein de gens sur cette chanson, ceux qui se font tuer pour leur couleur de peau, ceux dont on ne parle jamais, les aides-soignants… Ce sont des héros pendant deux semaines et la plupart du temps on les oublie ensuite. Et c’est ce que je dis dans le refrain, depuis quand l’humain est-il humaniste ? Ce serait une grande nouvelle de l’apprendre. C’est une chanson pleine de dépit. Le constat est amer mais c’est avant tout un hommage.

Concernant le titre « Au début de vos lettres », est-ce que ce sont vraiment des lettres que vous avez retrouvé pendant le confinement ?

Sylvain : Exactement. De la même manière que je suis retombé sur des vieux textes, j’ai retrouvé une boîte à chaussure avec plein de lettres qu’on a reçues.  J’ai repris ces lettres et, sans vouloir trop en dévoiler, je trouvais que le début en disait beaucoup déjà. J’en ai repris une quinzaine, des fois c’est magnifique, et des fois c’est terrible. C’est notre public, avec leurs malheurs et leurs joies.

Pour terminer, qu’est-ce qu’on peut souhaiter à cet album ?

Sylvain : Je souhaite qu’à travers cet album, le public rentre par la deuxième porte, plus intimiste, pour découvrir notre histoire, nos souvenirs, nos doutes, nos joies… On avait l’impression que cet album était surtout destiné aux fans mais plus on l’écoute, plus on en parle et plus on se rend compte qu’il est vraiment universel. Il y a des gens finalement qui vont découvrir le groupe avec cet album et on est très contents !

Florent : Et pour les fans qui sont là depuis le début, je pense qu’ils vont aimer aussi qu’on leur raconte toutes ces histoires car ils ne savent pas tout, il y a des choses qui n’ont jamais été dites. C’est un vrai journal de bord.

On souhaite évidemment le meilleur à cet album qui réserve bien des surprises et qui saura toucher son public. Loin des yeux, mais pas loin du cœur. Pour ne rien manquer de l’actualité de Boulevard des Airs, retrouvez-les sur leurs réseaux sociaux et sur bda-boulevarddesairs.com

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