Qui êtes-vous ?
BP : On est deux petits connards de parisiens ! On se connaît depuis très longtemps, puisqu’on se connaît depuis la cour fumeur du lycée. On s’est rencontrés comme ça, il y en avait un qui fumait et l’autre qui trouvait que ça sentait bon. On a commencé à faire un groupe comme ça. Le premier groupe on était 4, avec deux autres potes de lycée. Et on s’est vite retrouvés à deux, les autres n’étant pas toujours dispos pour faire les dates, et nous on avait très envie de jouer. On a commencé à faire des concerts à deux et ça nous a grave plu, autant parce qu’on a eu un retour très positif des gens qui trouvaient original de voir un groupe jouer à deux (je le rappelle, à l’époque, il y’a 10 ans c’était un tout petit peu plus original que maintenant), et on a adoré la simplicité de se mettre en place et se coordonner à deux, après l’expérience à 4. On a vu tous les avantages : sur scène, l’argent (rires), la simplicité.
Et moi je m’appelle Benoît et lui il s’appelle Fred.
Pourquoi ce nom des Blackfeet Revolution ?
FW : A l’époque quand on a monté le groupe, Benoît faisait une fac d’histoire. Et du coup, on s’est dit qu’il fallait qu’on fasse une tribu. A un moment donné, il s’était penché sur une tribu indienne d’Amérique du Nord.
BP : Exactement, et la référence c’est Henry Caspy, « Les Américains », volume 1, sur l’histoire contemporaine de l’Amérique du Nord des Indiens à aujourd’hui. J’ai trouvé le nom de cette tribu et j’ai bien aimé, j’ai trouvé que ça sonnait bien. On a rajouté le mot Révolution parce qu’on s’est dit que c’était notre révolution à nous, notre tribu à nous. Comme on est que deux (mais on fonctionne comme un groupe de rap, on arrive toujours à 10), ce côté tribu nous a plu. On ne bosse qu’en famille. Notre ingé son c’est notre pote depuis 15 ans aussi ; comme tous les potes avec qui on travaille et à qui on est fidèles. Le côté tribu, famille est très important pour nous. Le nom du groupe représente un peu ça : la révolution de ceux qui s’aiment. Les soldats de l’Amour.
Acteurs de quelle révolution ?
BP : La nôtre : suppression des frontières, amour et logement pour tous. C’est les points du programme. Il est assez simple. On soigne le monde par la musique et par l’amour, of course.
Depuis quand vous jouez ensemble ?
BP : La toute première fois, on devait avoir 17 ans pour les premiers bœufs à la maison. Fred sortait son djembé et rendaient fous ses voisins. On a une bande d’amis qui gravitent autour de nous. On s’est tous rencontrés à la même époque. On est très fidèles en amitié. C’est IM POR TANT. Lui, c’est même plus ami, c’est mon frère.
Aujourd’hui on vous rencontre à l’occasion de la sortie de votre album, après 2 EP en 2006 et 2012. A peine vos EP sortis, vous étiez déjà sur le plateau de Taratata et sur de jolies scènes. C’est quoi votre regard sur ces 10 ans de vous ?
FW : Franchement, faire de la musique c’est bon. A chaque fois, ça me fait du bien. Clairement, c’est ma passion et lui aussi. De pouvoir vivre de sa passion c’est un p…. de gros kiff et quand je pense à nous ça me rend heureux. Moi je suis incapable de faire autre chose. Et le fait d’être tombé sur lui, ça m’a permis de pouvoir d’aller au bout de ça…Enfin au bout non, parce que je compte mourir très tard, à 120 ans.
BP : C’est une des choses dont je suis le plus fier, avoir tenu ça pendant 10 ans. Y a des moments où la vie nous a poussés à être moins en projets, mais je suis fier d’avoir gardé ça pendant 10 ans. Surtout, c’est une question d’amitié. En 10 ans, on a le temps de s’engueuler, même avec ses meilleurs potes. C’est la même chose que dans notre bande de potes. On garde ce qui est bon. Pourquoi jeter quand on peut recycler ? C’est une vraie fierté.
C’est quoi le secret de la longévité pour votre « petit couple » ?
BP : C’est l’amitié. Même quand on fait pas de la musique, on sort ensemble, on est dans la même bande de potes.
FW : La team de potes qu’on a, c’est la même depuis 11 ans. Si on n’avait pas été potes comme ça, on n’aurait peut être pas continué aussi. Y’a des moments dans un groupe où ça retombe et ce sont des moments qui sont durs à vivre. Et si t’as pas un lien de couple, ça ne marche pas. C’est comme ça qu’on a plein de potes qui n’ont pas continué.
BP : Même les Beatles ils ont pas tenu 10 ans !
Pourquoi un duo ?
FW : Parce que c’est beaucoup plus simple pour tout. Tu es beaucoup plus libre. Dans l’écriture, c’est une autre écriture. Il faut jouer différemment. Pour compenser le fait qu’il n’y ait pas de basse, il faut composer différemment. Tu réapprends un peu ton instrument. Pour mon jeu de batterie, j’ai du tout réapprendre.
BP : Moi aussi pour la guitare. Avant, j’étais dans un groupe à 4, avec un bassiste et un autre guitariste. Là, t’es tout seul, il faut couvrir le bas, le bruit général, tu grattouilles en même temps, t’as une manière d’attaquer les cordes qui est différente, t’as une manière de faire des solos aussi qui est différente. C’est le meilleur cadeau que je me suis fait en musique, c’est un groupe à deux, parce que c’est LE truc qui m’a fait progresser et qui m’a obligé à trouver mon style de jeu et ma façon personnelle de couvrir l’espace. Quand je rejoue aujourd’hui en groupe, c’est tellement facile ! C’est la récré !
FW : Quand t’arrives avec ton pote à deux devant toute la foule, clairement t’es obligé de t’appliquer.
BP : Tu vas à l’essentiel, il n’y a pas de fioritures. T’as une ligne mélodique à la guitare, deux lignes mélodiques à la voix, un rythme. Et pourtant on est des amoureux de la basse. Il n’est pas exclu d’ailleurs qu’on fasse un peu de basse/ batterie dans les prochains concerts justement.
Blackfeet, on est vraiment un groupe très porté sur l’improvisation. On a toujours voulu assumer ce côté duo et pas commencer à jouer avec des séquences derrière. C’est vraiment du plug and play. C’est tellement facile quand tu es deux, il suffit de se regarder pour savoir si on s’arrête ou si on continue.
FW : En un regard, on sait. A deux, tu peux pas te planter.
Vous vous voyez déjà en haut de quelle affiche ?
FW : J’aimerais rejouer au Bataclan. En plus, c’est mon quartier. Pour l’after c’est plus simple aussi.
BP : J’adore le Cabaret Sauvage, mais c’est une salle qui est pas très rock’n’roll. J’ai beaucoup aimé le Casino de Paris aussi. Magnifique, c’est un petit Olympia.
Pour cet album, c’est quoi vos influences ?
BP : C’est une très bonne question, parce que pour nous cet album, c’est un tournant obligé, dans le sens où depuis qu’on avait créé le groupe, on voulait faire un album de classique rock avec des chansons en anglais et inspirées par tout ce qu’on aime depuis qu’on est jeunes, comme Led Zeppelin. On voulait faire un album avec 14 titres, des gros riffs, des gros rythmes. Je suis content parce que c’est exactement ce qu’on voulait faire. Maintenant qu’on a fait cet album comme on voulait faire notre 1er album, on va surprendre un peu, en termes de sons, de textures, de couleurs…
Là, vous êtes toujours auto-produits ?
BP : On est toujours auto-produits mais on a signé en édition chez un petit producteur qui s’appelle Have a cigare production et qui s’appelle Thomas Gravis. C’est une rencontre qui nous fait beaucoup de bien, c’est quelqu’un avec qui on s’entend extrêmement bien.
FW : Ca a matché directement
BP : Il comprend le groupe, la façon dont on fonctionne
FW : C’est ce qui l’a séduit en fait chez nous. C’est une espèce de bordélisme organisé.
BP : Il nous a vraiment sauvé la vie. Depuis il a pris le rôle de producteur, et quand on veut avancer sur nos futurs projets, il nous soutient et ça change beaucoup qu’il soit rentré dans l’aventure.
Mais à la base, cet album est bien auto-produit. On avait un studio d’enregistrement à l’époque (le Sexy Studio), et on a tout enregistré, mixé et sorti nous-mêmes du début à la fin avec nos petits doigts et nos petites oreilles. On a encore le matériel, mais je sais qu’on va rouvrir un lieu à terme. Ça nous manque beaucoup. Quand tu as un studio d’enregistrement pendant 10 ans et que tu en as plus, c’est très pénible.
L’ambiance est électrisante lors de vos concerts, comme au Supersonic. Tout le monde danse. Vous avez l’air d’avoir un public de fidèles, qui connaît vos paroles par cœur. C’est qui votre public, vous avez des groupies ?
BP : On touche de 7 à 77 ans. On a reçu des messages de « vieux », qui nous disent qu’on les touche parce que c’est l’influence classique rock qu’ils écoutaient jeunes et des jeunes qui kiffent parce que c’est aussi moderne qu’old school. On touche un très large public, et même nous on était assez surpris au Supersonic de voir des nouvelles têtes chanter des chansons. Ça nous touche énormément de voir ces gens qui se déplacent, qui sont allés chercher les paroles, c’est très gratifiant. On a déjà eu des enfants de 5 ans qui dansent devant nous, comme des gens de 70 ans ou plus.
FW : Cela dit, dans les clubs, c’est pas la majorité des gens de 5 ou de 70, mais on est quand même sur un public diversifié, il n’y a pas plus de filles que de mecs, plus âgés ou non. Un beau petit mélange !
Votre tube selon vous ?
BP : Celle que je trouve la plus efficace c’est « Run ». Une de mes préférées c’est « Self défense ». Je ne sais pas si c’est celles qui ont le plus gros potentiel, mais c’est celles qui me touchent le plus en terme de rock’n’roll comme j’avais envie de l’écrire.
FW : Tout l’album est cool parce qu’il nous ressemble vraiment.
BP : On pourrait faire un top mais pour des raisons différentes. Une des plus intéressantes en terme de son c’est « Desperate boy ». Une de plus intéressantes en terme de structure et de musique c’est « Get down ». Une des plus intéressantes en terme de groove et de classe c’est « Street walker ». La plus intéressante pour les véners c’est « Run ».
Vous en avez fait des clips ?
FW : Oui, sur « Mexico ». On vous invite à le regarder, ça va vous faire rigoler. Ça traduit parfaitement le bordel qu’il y’a dans la tête de Benoît.
BP : C’était un gros travail de montage, ça m’a pris 2 mois, jours et nuits. J’avais des cernes de montage.
Le truc le plus dingue que vous ayez envie de faire avec votre public ou sur scène ?
BP : Une orgie, une partouze géante, moi je serais pas contre !
C’est quoi alors cette histoire de titres en français ?
FW : C’est du spoil hein !
BP : Alors attention parce qu’on est les spécialistes de l’annonce.
FW : Et ça peut durer 10 ans !
BP : Non, mais notre album il est prêt depuis 3 ans. On a mis quasiment un an entre le moment où il était fini et mixé et la sortie. Il y’a 2 ans on avait fait l’annonce de la sortie sur FB. Non, mais on enregistre vraiment dans quelques semaines un EP en Français. Le but c’est de faire 5/6 titres en français avant l’été. On en a ressenti le besoin en fait. En composant cet album en fait, en composant quelques chansons, on a commencé à naturellement à écrire en français. On n’a pas voulu les mélanger dans cet album. On s’est dit qu’on allait enchaîner avec l’EP en Français. On a déjà pas mal écrit.
FW : Benoît il m’a réconcilié avec ça. Parce que j’étais pas du tout chaud à la base. J’ai trop entendu de choses qui ne me touchaient pas et je réduisais un peu le rock français à ça. Alors que je ne m’étais juste pas assez ouvert au truc. En fait, ce qui est arrivé avec la 1ère chanson en français, c’est qu’il y’avait un phrasé, un vrai groove, qui m’a réconcilié avec le Français.
Qui écrit ?
BP : On écrit à deux. En gros, j’arrive avec une base de chanson et on mixe tout en répète, on fait les structures. Les paroles j’ai écrit un peu plus, sans auteur, et ça fait un bien fou d’écrire. En anglais , il faut une petite maîtrise sinon toutes les chansons auraient les mêmes mots.
FW : le parolier avec qui on bosse, c’est un rappeur irlandais. En gros, t’as pas mieux pour capter la sonorité et le rythme dans la phrase. Dès fois on arrivait avec un truc un peu faux et il nous disait « c’est pas ça les gars ».
BP : C’est Kevin O’leary qui écrit nos paroles depuis 10 ans, qui compte beaucoup pour nous et qui est un très bon ami. Là se retrouver face à une page de texte et se dire qu’on comprend ce qu’on écrit, c’est agréable et ça nous a fait beaucoup de bien.
Des nouveaux instruments ?
BP : C’est un début d’hybride. C’est toujours du guitare/batterie assez rock, parce qu’on avait envie pour le coup de faire un disque rock mais en français cette fois ; pour prendre une place que pour le coup je trouve un peu inexistante en France. J’ai peu de trucs à me mettre sous la dent. Y’a des trucs qui me touchent mais c’est plus du punk. La nouvelle vague de rap très bien, mais le rock français, j’ai envie de marquer le coup. Derrière de faire un disque beaucoup plus « machines », avec des influences beaucoup plus électros. Toujours à deux.
FW : On peut faire plein de choses différentes comme style. On est plus dans une époque où le mec va écouter un album et il veut qu’il y’ait une cohérence. Maintenant les gens ils écoutent sur Spotify et ils savent pas forcément d’où ça vient.
BP : Nos albums y a une cohérence. Les 14 titres de notre album quand tu les écoute, il y’a une cohérence. Les 5 titres en français se sera pareil. Idem pour l’électro. Mais on ne se laisse pas de barrière. Demain si on doit faire un album de reggae, on en fera un. Et là, peut-être qu’on engagera un bassiste. Et après, notre album de polka …
Vous envisagez Leroy Merlin pour la promo de votre album ?
BP : Ah, t’es tombée sur la vidéo de nous à Castorama ! C’est vieux ça ! C’était très drôle à faire, c’était une très bonne idée. Ça fait 10 ans que j’ai pas vu cette vidéo. Je me suis dit qu’on avait eu du courage d’aller chanter dans les rayons. En plus on s’est fait virer comme des merdes assez vite.
FW : Il y’a une autre vidéo qui circule aussi, dans une cave, où on a joué 20 minutes avec plein de gens et où la police est arrivée. Il y’a un mec qui se balade nu avec une chaussette.
Vos prochaines dates ?
15 février à la Boule Noire.
Des choses à rajouter ?
Remercier les gens qui nous accompagnent : Estelle, notre manageuse : Neige Bousson, notre ingé son Pierre Hidalgo qui est aussi un ami depuis 15 ans.
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