Le groupe de blues rock d’Austin Name Sayers est l’un de ces secrets pas si bien gardés que les fans indépendants découvrent et dont ils tombent amoureux lors des concerts annexes autour d’Austin City Limits ou de SXSW. Aussi enfumé et blues qu’un Lord Huron ou un Hozier, mais avec un penchant résolument grungy pour les empêcher d’être regroupés avec le genre indie folk parfois trop artificiel, Name Sayers est un joyau local dans une ville pleine de joyaux locaux. Cela dit, chez EDM, nous sommes prêts à parier que personne n’a vu le leader de Name Sayer, Devin James Fry, se lancer dans l’électronique en tant qu’acteur solo. Et bien voici un autre choc, fans de rock indépendant : il fait ça depuis neuf ans.
Qualifions un peu cela : Fry vient de commencer à créer ses propres rythmes dans ses morceaux les plus récents, « Purple Glue » et « No Hope ». Son premier album solo Chansons d’amont en 2013, en fait, était encore plus informé sur le blues et le folk que son groupe. En fait, cet album est sorti avant le premier EP de Name Sayers Quatre rêves. Radicansle premier album solo de Fry à tendance numérique est en fait sorti en 2020. Un mélange de guitares acoustiques de style Gipsy Kings, de vox et de batterie bluesy et d’écriture de chansons post-punk à la Nick Cave, la seule production électronique provient d’une simple conception sonore ambiante mais il est quand même là.
Donc tout cela dit, « Purple Glue » et « No Hope » sont pour le moins un départ pour Fry. Sorti en duo, il semble qu’avec ces deux morceaux, Fry ait voulu apporter cette saveur post punk de Radicans à ses premiers vrais morceaux électroniques. « Purple Glue » est décidément le plus post punk des deux, avec la voix riche et bluesy de Tom Waits de Fry qui lisse les bords du rythme et des synthés gravement trip hop. Il y avait bien une qualité industrielle, encore une fois de ces synthés bruts et de la conception sonore en écho ainsi que du genre de désolation dans le vox et de la torsion des notes. C’est ce que l’on pourrait penser que Ian Curtis aurait pu faire s’il avait survécu, avait eu accès à un équipement moderne et avait soudainement perdu sa surdité tonale. Le post punk devient le post rock devient le post…industriel ? Idée intéressante et cela fait définitivement de « Purple Glue » une piste de pointe.
« No Hope » avec Otem Rellik et Nat Tate est encore plus intégré aux ambiances post punk et industrielles avec ce qui est essentiellement un beat trap. Le refrain vocal en boucle de Fry et Tate fonde le morceau, ou plutôt le fait tourbillonner dans un abîme sonore d’encre. Rellik revient sur tout le gâchis lourd du Bauhaus devenu numérique avec des vers qui sont en partie du rap et en partie de la parole à la John Cooper Clarke pour vraiment faire comprendre le point verbal en termes clairs. L’effet de cette collaboration est presque une version plus bluesy, industrielle et dystopique du Gorillaz de l’ère intermédiaire. C’est du hip hop post punk ? Nous l’espérons certainement.
Avec « No Hope » et « Purple Glue », Devin James Fry semble non seulement se développer dans l’électronique et gratter une sorte de démangeaison numérique dont aucun de nous ne savait même qu’il était là, mais il pourrait même créer de nouveaux genres en cours de route. C’est pourquoi il est important de toujours garder un œil sur Austin si l’on veut rester au courant de la musique. Même les artistes comme Fry et ses Name Sayers, qui semblent être tous de l’indie folk vintage, peuvent soudainement sortir avec un hip hop fou et trap. « Keep Austin bizarre », en effet, et avec ses morceaux solo qui semblent tout aussi populaires sur Spotify que ceux de Name Sayers, nous pouvons probablement nous attendre à encore plus de post punk, d’indie pop, d’electronica bizarre.
« No Hope » et « Purple Glue » sont maintenant disponibles et peuvent être diffusés sur Spotify, achetés numériquement sur Bandcamp ou sur vinyle chez Old Faithful Records.