Il faut bien sûr aimer les mots et au delà des mots les histoires et les contes aussi.
Et conserver une âme d’enfant.
Ces formalités accomplies, on détient les clés, sésames indispensables pour entrer et ressortir comblé sinon fortuné de la caverne de Thomas Fersen !
Car son répertoire regorge de richesses. Et aligne les pépites ! L’écriture reprend le pouvoir !
Des textes drôles, impertinents où la fantaisie et l’imagination sont reines et brillent. Avec éclat ! Difficile de résister au charme de ce dandy, charmeur, volubile qui alterne avec aisance et simplicité chansons et monologues en vers. L’irrésistible penchant de Marie Antoinette pour le Conte de Fersen n’a désormais plus de mystère. D’autant que nous le partageons. Et le public aussi.
Thomas Fersen entame donc une tournée dans toute la France pour présenter son dixième et tout nouvel album, « Un coup de queue de vache », sorti le 27 janvier 2017 et chroniqué tout récemment dans nos colonnes.
Ses premiers pas le conduisent sur la scène du petit Théâtre de l’Œuvre, installé entre la Place Clichy et Saint Lazare. Un lieu qui porte bien son nom et semble tout à fait approprié pour débuter une tournée.
En effet, en 25 ans de carrière, Thomas Fersen a pris le temps de bâtir une œuvre originale et personnelle qui occupe une place à part dans la chanson française.
Conteur des champs, mélodiste des villes et chauve souris aidant, Thomas Fersen s’impose comme un auteur et un esthète dont les compositions ne battent pas de l’aile !
Le spectacle est fidèle au personnage, riche, élégant, mêlant poésie, tendresse, férocité, ironie et satyre. Il y a indéniablement du Trénet. Et du Prévert aussi chez Fersen. De là peut être ce goût prononcé pour la vie champêtre, le bestiaire et ses racines paysannes ! La quasi totalité du dernier album se déroule dans une ferme.
Mais il ne fait pas toujours bon être présent dans son bestiaire car on y laisse parfois des plumes !
Lafontaine n’est pas loin, mais c’est bien le seul point commun entre nos deux auteurs. Thomas Fersen ne propose pas de morale mais laisse son esprit caustique prendre les rênes et guider ses chutes !
Et c’est réjouissant ! Parole de Coccinelle ! Qu’il s’agisse de l’héritier d’un grain de beauté sur la fesse pressé d’identifier ses proches et de préférence ses sœurs, au visiteur indésirable d’un soir, assis sur son canapé, pour contempler sa collection de cannes épées, au blouson de cuir bravant les interdits pour revêtir tour à tour Neuilly et le neuf trois ou encore Riton le vendeur de bons tuyaux hippique, en quête de mariage. Des monologues ciselés, des mots évocateurs, une diction chantante et une sensibilité qui achèvent de théâtraliser l’exercice !
Proche par le physique d’un John Cale (Velvet Underground) égaré, doté d’une belle voix grave et éraillée à la Higelin, Thomas Fersen s’entoure sur scène d’un quintet de choc (violons, violoncelle, guitare, banjo, mandoline) très présent et s’accompagne au ukulélé. Démontrant ainsi qu’il possède ainsi plus d’une corde à son arc ! Mais aussi une vraie exigence pour la composition, les harmonies et le goût des mélodies entêtantes et légères. Un plaisir, que ce quintet s’entête et s’accorde à nous faire partager et découvrir. Mention spéciale et coup de cœur pour le titre éponyme « Un coup de queue de vache », « Encore cassé », « La Pachanga » « Big bang ».
Poète, narrateur, musicien, Thomas Fersen bat les cartes et élève son non-conformisme au rang d’atout majeur. Ses interprétations et ses compositions portent incontestablement son empreinte. Un regard tendre, désabusé mais sensible. La marque d’un auteur. Au théâtre, Thomas Ferscène est chez lui. Les planches, son salut et sa terre d’accueil ! Son plaisir de partager de communiquer est visible, Ce plaisir gourmand et malicieux lui permet d’entretenir une relation fusionnelle avec un public conquis, fidèle qui affectionne ses bons mots. C’est la magie du verbe ! Mais pas que, car Thomas Fersen excelle dans ce registre intimiste placé entre concert et one man show. Le cadre idéal pour exprimer son humour, sa nonchalance et ses réparties.
Ne laissez surtout pas passer l’occasion de voir ce spectacle jubilatoire. Vous le regretteriez et ne trouveriez jamais Fersen pour vous plaindre !
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Rédacteur Jazz & Blues/Rock