Le 19 octobre 2017, la Salle des Musiques ACtuelles PAUL B à Massy (91) programmait LO’JO + GRÈN SÉMÉ pour une soirée atypique.
Pour débuter, GRÈN SÉMÉ se produit dans le Club, un espace avec bar, devant un public nombreux. GRÈN SÉMÉ est un quintet réunionnais composé de Carlo De Sacco (kayamb, tambour, voix), Bruno Cadet (guitare, voix), Mickaël Beaulieu (claviers, piano, voix), Jérémie Lapra (basse, voix), Allan Tincrès (batterie). Le groupe joue, comme il le définit lui-même, du Maloya évolutif. Le Maloya est une musique endémique de La Réunion (inscrite depuis 2009 au patrimoine immatériel de l’Unesco).
Voilà pour la théorie. Et musicalement ça donne quoi ?
Un vrai plaisir, on est très loin de la musique folklorique. La musique de GRÈN SÉMÉ est d’une diversité riche à l’image de la Réunion. Dans ce Maloya avec kayamb et « tambou », ils ont inséré des arrangements électroniques et des passages électriques venant du rock, sans oublier le clin d’œil au reggae. Les paroles, chantées ou slamées sont en français ou créoles.
Carlo, le chanteur, est habité. Son humanisme transparaît dans des textes profonds, poétiques et engagés. Tout cela donne une belle musique, touchante parfois fragile. Tout en douceur, on se laisse emporter par cette musique singulière, on est charmé, salves d’applaudissements et rappel pour cette première partie. Merci pour cette prestation d’une heure, suave, mélodieuse et engagée. GRÈN SÉMÉ depuis dix ans, fait germer bienveillance et fraternité.
Leur dernier album « Hors sol » est sorti il y a un an. Le prochain est en préparation. A suivre donc … Suivez leur actualité sur : gren-seme.fr ou Facebook
Apres un cours entracte et un changement de salle, place à LO’JO.
LO’JO est né en pays angevin, il y a 35 ans et a 16 albums à son actif. Le dernier, « Fonetiq Flowers » est sorti en septembre dernier. Ce soir, les musiciens sont Denis Péan (voix, piano, samples), Richard Bourreau (violon), Nadia Nid El Mourid (voix, percussions), Yamina Nid El Mourid (voix, saxophone, percussions, kora), Baptiste Brondy (batterie), Alex Cochennec (basse, contrebasse).
Les premières notes de « Carnets nus », nous plongent dans un univers musical très singulier.
La voix de Denis Péan, dont le timbre rappelle parfois Claude Nougaro, est posée sur un assemblage musical original teinté d’influences des plus variées. D’ailleurs, le denier album « Fonetiq flowers » a été enregistré au Bénin, en Géorgie, en Corée, en Chine et en France. Le concert se vit comme un voyage. Chaque chanson est le reflet d’une étape dans ce monde visité, inspirant et coloré. Denis Péan, tel un conteur, sur la place du village, raconte l’histoire de ses expériences, de ses rencontres. Chaque morceau nous procure des émotions sonores, par la douceur, la sensualité, la tendresse, la poésie. LO’JO explore les sonorités tziganes, berbères, africaines, caribéennes et françaises et réussit l’alchimie.
LO’JO est polyglotte, invente des mots et même un langage comme un dialecte d’un pays imaginaire qui rassemblerait les sonorités du monde. Multi-composite, inclassable, magique !
Cette soirée a des parfums d’Orient, très présents sur « Sin acabar ». Le violon, joué avec archet ou pincement des doigts, a des sonorités orientales, parfois un effet Wah-Wah. Il embellit cet incroyable patchwork, tout comme la kora, les percussions (y compris fixées sur les baguettes du batteur), le saxophone droit, même le triangle tient une place importante dans cette recherche musicale incroyablement créative. L’Afrique est présente dans les chansons « Noisy flower », « Les innombrables », « De Timbuktu à Essakane » avec l’utilisation de la Kora. Et que dire des voix des sœurs, Nadia et Yamina : elles nous transportent et nous pénètrent comme sur « Tout est fragile », « Chabalaï » ou « Café des immortels ».
Durant 1H35, nous avons savouré la musique de LO’JO , faite de sentiments, par cette tribu de nomades adressant un message pour la coexistence de toutes les cultures. Le public fait une standing ovation pour le rappel.
Je vous incite à découvrir leurs compositions et surtout à assister à un concert, où leur art prend toute sa dimension.
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Et si vous ne pouvez-vous pas vous déplacer à Londres, Montréal ou New-York, leur prochaines destinations, il vous reste Paris au Café de la Danse le 17 novembre 2017 et quelques dates en province.