Dans cette fraîcheur hivernale de Janvier, Mamusicale est allée se réchauffer au Punk Paradise. C’est un pub concert très conviviale, réputé pour les bons moments que nous pouvons y passer. Le bar est situé au 44 Rue de la Folie Méricourt dans le 11ème arrondissement de Paris. L’occasion de découvrir la première session « Parle à ma plume » organisée par le collectif La Familiale. Le concept est le suivant : faire venir un ou une MC pour se produire sur scène et inviter en showcase des artistes qui l’ont influencé ou font partie de son univers lyrique.
Le collectif crée depuis avril 2014 une ligne directrice qui valorise la culture Hip-Hop et qui propose des événements correspondant à son approche. L’idée étant de faire découvrir au plus grand nombre la culture de l’Open-Mic, afin de surprendre et bien évidemment de partager l’art. Il s’agit d’habituer des artistes amateurs à se présenter sur scène, à se familiariser avec la prise d’un micro, qui, on doit se l’avouer, n’est pas un exercice facile.
Ce soir, l’artiste à l’honneur est le rappeur nordiste Ismaël Metis, venant d’une petite ville de campagne. Il nous interprète des extraits issus de son album intitulé « permis de déconstruire ». Ismaël Metis combat les inégalités à sa façon, notamment les discriminations ou encore le sexisme en relayant la parole des femmes. Cet invité nous propose une programmation avec des artistes dont la plume a inspiré la sienne. Ismaël explique son choix : « J’ai donc décidé d’inviter Ali de 45 Scientific (ancien binôme de Booba au sein du groupe Lunatic.). Ali c’est une légende !!! Sans Ali il n’y aurait peut-être pas les autres artistes d’aujourd’hui. Ensuite, nous avons Virus, je suis très content de sa présence ce soir, en effet c’est certainement le style d’écriture qui m’intéresse le plus parmi les rappeurs actuels. Humainement, artistiquement et politiquement nous sommes sur des lignes communes. Et enfin Ryaam, car elle a ramené son fan club (rire du public) parce que c’est la famille, c’est ma plus ancienne pote dans le rap et surtout je voulais ne pas faire une scène exclusivement masculine. On essaye d’encourager les autres à le faire. »
Il est à peine 21H et il n’y a déjà plus d’une centaine de personnes qui ont répondu présentes, prêtes à découvrir les MC sur scène. Un public de tous horizons, des grands connaisseurs d’open mic, mais aussi certains novices en la matière, dont la venue était motivée par la présence exceptionnelle d’Ali.
L’ambiance est conviviale, on se sent comme à la maison. Certains échangent et se remémorent leurs gros coups de cœur de rap hip-hop Old School. Pendant que d’autres grattent sur des petits calepins des phases s’inspirant des MC sur scène. Une femme en particulier a retenu mon attention. Il s’agit de la jeune Europe qui est une artiste originaire de Toulouse. Férue de rap, elle nous parle de son parcours, adepte de scènes ouvertes « depuis un moment ». Après avoir fait le tour de ce que proposait la ville rose en matière de rap indépendant, elle décide de venir dans la capitale. Ce qui l’a attirée au Punk Paradise ce soir, au-delà de sa passion pour cet art, c’est la présence de Virus, le quatrième artiste à monter sur scène.
Ryaam est la première à faire son entrée sous les applaudissements de la salle. Ryaam est une rappeuse qui était à l’initiative d’une compilation exclusivement de rappeuses intitulée « c’est notre heure ». A peine les présentations faites, cette rappeuse nous a tous mis d’accord notamment lorsqu’elle lâche le morceau « Assata Shakur ». Une prestation vraiment excellente, où l’on peut observer les personnes attentives, ne perdant aucune miette de ses freestyles. Nous pouvions également entendre des cris d’approbation quand la rappeuse balance des phases tel que « j’suis pas la sœur d’un tel, d’un tel, à croire qu’on est toutes les mêmes, j’suis fille femme de ménage, j’cherche ma place en jungle urbaine ». Ryaam c’est une plume combative qui nous balance du lourd. Il est plaisant de constater la présence de femmes dans le public et qui « s’approprient » les Open Mic. ; brisant les clichés d’un open « réservés » et dominé bien souvent par les hommes.
S’en suit d’Ismaël Métis, l’invité d’honneur accompagné de son compositeur Malik et de son bassiste Benoît. Son aisance et son énergie sur scène sont décuplées par le public disposé sous ses yeux. Un set qui ne peut t’empêcher de partir en réflexion et en même temps de « move your head ». Un artiste qui a su se démarquer par sa douceur, la profondeur de ses textes et de son univers très différent et engagé. Ismaël Métis c’est tout un univers, il faut y entrer et se laisser transporter.
Arrive enfin le showcase du grand mastodonte Ali, qui a largement contribué à l’univers du Rap français. Daddy Ali est l’un des artistes à ne pas manquer dans cette soirée. Rappeur à la notoriété continue, en impose tellement sur scène de part sa carrière, et son charisme. Le morceau « Pas le temps pour les regrets » sorti en 2000 n’a pas pris une ride, ce classique reste la crème du game.
L’ambiance nous plonge des années en arrière, qui me sied si bien. Comme attendu l’affluence était énorme devant ce show. Il est fort à parier qu’Ali a influencé bon nombre de groupes de Rap, dont Ismaël Métis. Le morceau « suprême mélodie » capte l’attention de la foule chargée émotionnellement. Le climax de ce morceau apparaît lorsqu’Ali, plein d’énergie, invite Ismaël et Ryaam à reprendre en chœur ce titre.
Cynique, drôle et acide comme à son habitude. Virus a clôt le plateau, avant de laisser place à l’open mic et à l’invité surprise Deadi, par une performance remarquée. Celui qui se démarque, tant par la qualité de sa plume que son empreinte vocale particulière à une fois de plus mis tout le monde d’accord. Après sa prestation, il est allé passer du temps, comme tous les autres artistes avec le public.
La Familiale ce soir a permis de magnifier les artistes amateurs. Vraiment très belle initiative je suis certaine que la majorité du public a su apprécier ce concept. L’audience était à fond, procurant un shot de kiff.
Un « dream program » bourré de talent et de virtuosité. Méritant une notoriété plus élevée en rapport avec leurs talents affichés. Ce soir, nous avons pu percevoir et partager l’émotion avec le public.
En fin de soirée, une des nombreuses figures du rap, présente dans la salle prononce cette phrase « Merci ça fait 10 ans qu’on n’a pas vu le hip-hop comme ça » nous pouvons conclure en disant que cette première session est un défi réussi pour la Familiale qui a su regrouper de nombreux passionnés.
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Crédits photos : Amanda Jackel et Marianne_photographe