Quelques jours avant le concert parisien de JOULIK, arrive dans ma boite un mail promotionnel. L’écoute brève mais prometteuse, attise mon envie et ma curiosité de voir ce groupe sur scène. Le mercredi 28 novembre, je me retrouve dans la salle des Trois Baudets, bien remplie, pour découvrir JOULIK. La scène est occupée par quelques instruments donnant un ensemble dépouillé.
Le concert débute par un chant bulgare, cette chanson, mise en valeur par la si belle voix de la chanteuse, me saisit et me charme. C’est une immersion immédiate et totale dans l’univers de ce trio. En apesanteur, on est porté par la beauté de la polyphonie servit par la maîtrise technique et l’interprétation sensible et chargée d’émotion. Bouleversant.
JOULIK ce sont trois musiciens, Mélissa Zantman (chant, accordéon), Claire Menguy (violoncelle) et Robin Celse (guitare, mandole, percussions). Le groupe existe depuis 2010. Leur discographie : un EP et 3 albums. Ce soir, c’est la présentation parisienne de leur dernier album intitulé « Envol » sorti le 23 octobre dernier.
Le second morceau « Morenika », nous emmène vers des origines Judéo-Hispanique. Claire lâche son archer pour un pizzicato proche du slap, qui donne un relief supplémentaire à l’ensemble. Puis c’est l’Italie avec « Ciao Mama ». Melissa endosse son accordéon, qui lui permet de donner rythme et mélodie. Les sensations éprouvées depuis de début se confirment : un voyage, nourrit d’influences multiples, un jeu sans frontière, une universalité connectée à notre humanité. Le public est séduit par cette beauté poétique épurée et si délicate. Le titre suivant est chanté en français, Robin nous ravi avec un moment de guitare tout simplement magnifique. L’utilisation du bottleneck, permet de donner à la guitare des sons de scie musicale. Il n’est pas dans l’abondance de notes, chacune est sentie, essentielle.
Changement complet d’ambiance, certes on est toujours aux Trois Baudets, mais avec l’impression d’avoir au-dessus de nos têtes un ciel étoilé d’Afrique. Ce titre chanté en langue Wolof (Sénégal) sur la guitare accordée pour sonner comme une kora. JOULIK est un laboratoire de création musicale ethnologique. Une ode à la richesse de la diversité musicale et humaine. Fort de toutes ses influences, JOULIK fabrique un patchwork très personnel, inspiré des musiques du monde. Mais pas seulement ! Ce nouveau morceau Sirigiri est écrit dans une langue sortie de leur imagination. Robin joue de la mandole sur une ambiance quasi irlandaise ! A cet instant, j’imagine ce que pourrait être le fruit d’une collaboration avec LO’JO !
Le public est à chaque fois surpris, conquis presque envoûté. Entre chaque chanson ce sont de longs applaudissements, des bravos fusent.
JOULIK nous invite à les suivre au Brésil avec une reprise de Renata Rossa. La voix de Melissa, à la fois délicate et puissante, s’adapte parfaitement aux changements de styles. Nous participons au chœur, nos voix deviennent un instrument additionnel dirigé par les musiciens. Une belle communion entre les artistes et l’auditoire. Sur « Open day », instrumental à la gloire de la beauté du ciel bleu du sud de la France. Robin et Claire nous régalent, l’un à la guitare, l’autre au violoncelle, dans un mariage de virtuosité et d’émotion, magique !
Après un retour en Italie et un clin d’œil à Erik Satie, le set se termine en anglais, mais comme tout est inspiration et création chez JOULIK, c’est de l’anglais avec l’accent des Balkans. Fin du concert. Plus d’une bonne heure de bonheur. Le public est debout et les applaudissements sont tonitruants. Les musiciens émus, nous remercient dans de nombreuses langues avant d’entamer le rappel. Deux titres dont la « Valse taupienne» qui nous ensorcelle littéralement.
Ces trois musiciens sont fantastiques et incomparables. Derrière ces morceaux revisités ou composés, chantés dans un grand nombre de langues, perce une belle rencontre humaine et musicale. Si des dates parisiennes sont programmées en 2019, j’en serais ! Pour mieux les connaitre ou les découvrir : joulik.fr/ et Facebook