Après avoir quitté la France à l’âge de 11 ans pour les Etats-Unis, Jessica Gabriel revient sur les traces de son enfance pour renouer avec la France. Mamusicale a rencontré cette artiste à la voix toute particulière qui nous rappelle une Amy Winehouse ou une Joss Stone.
Bonjour Jessica
Bonjour Mamusicale
Pour faire ta connaissance, qui est Jessica Gabrielle ?
Je suis une chanteuse franco-américaine. J’ai vécu la moitié de ma vie en France et l’autre moitié aux Etats-Unis dont mon adolescence aux USA. Ma mère est américaine et mon père français. J’ai fait des études de Music Business et Performance. Pendant mes études j’ai fait beaucoup de comédies musicales, de jazz et de la pop. Je suis revenue sur Paris voilà 3 ans, j’ai signé avec un label en 2015 et je lance mon projet personnel avec mes compositions de pop soul.
Qu’est-ce que tu écoutais comme musique étant jeune ?
Ma mère est pianiste professionnelle classique et mon père est un fan de tout style de musique. En grandissant en France il avait un attachement tout particulier pour les Etats-Unis, il écoutait donc beaucoup Ray Charles, Blood Sweat & Tears, beaucoup de soul également et de RnB. Il écoutait aussi beaucoup de musiques du monde, étant né en Tunisie il a ce côté oriental qu’il adore. Et du côté de ma mère, c’était beaucoup de comédies musicales.
A 11 ans tu es partie aux Etats-Unis, comment as-tu vécu ce départ ?
C’était très compliqué, j’en ai longtemps voulu à mes parents car je ne comprenais pas pourquoi ils m’avaient déracinée de ce que je connaissais, de ma famille de mes amis, et surtout je ne parlais pas très bien anglais à l’époque, je comprenais mais j’avais du mal à m’exprimer. Ça m’a pris du temps et au final j’ai réalisé qu’on était dans une super ville, avec une super vie. Maintenant que je suis sur Paris, les Etats-Unis me manquent.
Tu as suivi une école de comédie musicale et tu as obtenu en parallèle un diplôme de Music Business, c’est quoi exactement ?
On apprend le business de l’industrie dans la musique. Ça passe par le management, la loi, le marketing.
Tu as déjà sorti 3 EP, et ton 1er album sort le 14 avril, qui t’a accompagné dans ce projet ?
J’ai eu la chance de signer avec le label Colligence Music en 2015 qui m’aide beaucoup. Pour les musiciens, il y a le pianiste Pierre Van de Walle, avec qui j’ai composé les morceaux, et qui m’a aidé à les développer. Il y a le bassiste Alexeï Derevitsky, le guitariste Rémi Drouillard, et sur les 2 derniers titres, Léo Aniaba, le batteur, nous a rejoints.
Pourquoi avoir choisi de faire un album de 8 titres, ce n’est pas très commun ?
C’était pour lancer le projet, je ne voulais pas faire quelque chose de trop long. J’ai utilisé quelques chansons de l’EP auxquelles on a rajouté 2 ou 3 titres.
Quelle est l’humeur de cet album ?
C’est un mélange de différentes périodes de ma vie. J’aime bien le titre « Crazy » car il y a plein de sentiments différents. Il y a également un style musical différent sur chaque chanson, et c’est cette diversité que je voulais mettre en avant.
Qui a écrit les textes et qui a composé les musiques ?
J’ai écrit les textes sur pratiquement tous les titres de l’album, à part la dernière « Set Yourself Free » que j’ai co-écrite avec Léo. J’apportais à Pierre Van de Walle mes textes et quelques accords avec lesquels je travaillais un peu pour me donner une idée de mélodie, et il m’a beaucoup aidé sur l’arrangement et m’a également apporté beaucoup d’idées.
Quelles sont tes sources d’inspiration pour écrire ?
Cela vient de plusieurs périodes de ma vie, mais ça parle essentiellement d’amour, des relations avec les parents, de se sentir libres et ouverts au monde.
En 2014 tu as co-écrit un cabaret, la manière d’écrire est-elle différente ?
Pour moi le cabaret c’est théâtral. En fait on a choisi des chansons déjà existantes de Broadway et des chansons de jazz et on a écrit un cabaret et une histoire autour de ces chansons. Donc on n’a pas eu ce travail d’écriture et de composition musicale. C’est un travail que je referais volontiers car j’ai adoré. Le spectacle a d’ailleurs été joué 3 soirs ici en France et ça a eu beaucoup de succès.
Tu as signé avec le label Colligence Music en 2015, pourquoi avoir choisi ce label précisément et penses-tu qu’il soit indispensable pour un artiste de signer avec un label ?
Je les ai rencontrés au tout début de mon arrivée en France, je ne connaissais personne, je suis venue par hasard avec mon cabaret. J’ai fait leur connaissance et on a tout de suite accroché, c’est un tout nouveau label qui vient de se lancer. Ils aimaient bien mon projet, et j’étais aussi intéressée de me lancer dans cette aventure, opportunité que je n’ai jamais eu aux USA. Je me suis dit que ce serait super d’avoir une team derrière moi. On s’est dit tous les deux, allez on se lance et pour l’instant tout se passe bien. Et je pense que ça apporte beaucoup de chose d’être accompagné. Beaucoup se font découvrir en faisant une vidéo sur YouTube, et ensuite ils signent avec un label. Je pense que tous les artistes ont besoin d’un label, maintenant c’est où, quand, avec qui, mais ça ce sont des questions que devra se poser chaque artiste, mais c’est important d’avoir ce soutien.
Penses-tu que ta formation aux Etats-Unis t’a permis de faire des choses que tu n’aurais pas pu réaliser si tu étais restée en France ?
Je n’ai pas vraiment regardé si il y avait des programmes similaires en France dans la musique. Je ne suis pas sûr qu’il y ait ce côté business et performance en même temps. En France, les études sont très carrées. Tu veux faire des études de business, tu ne fais que ça, alors qu’aux Etats-Unis, c’est plus ouvert. Si demain je veux faire des études de médecine ou de science pendant un an ou deux, je peux. Même la mentalité envers la musique est différente, les gens sont plus ouverts là-bas. Je me suis rendue compte ici quand je dis que je suis musicienne, les gens sont un peu septique alors qu’aux Etats-Unis, il y a une réaction super positive, et quelque fois envieuse. En France, il faut plus s’affirmer.
Quelle est la ou les raisons qui t’ont fait quitter les Etats-Unis pour la France ?
Mon père est français et j’ai beaucoup de famille ici et quand on est parti aux Etats-Unis j’avais 11 ans, et pour moi on m’arrachait et déracinait d’un environnement où j’étais bien. Mais dans mon subconscient j’avais besoin de revenir pour moi-même, pour redécouvrir mes racines, pour découvrir la culture, la mentalité. Je suis revenue et j’ai rencontré le label, j’ai également rencontré quelqu’un et au final je suis restée. Ce n’était pas censé être définitif.
Et quelle est la raison qui te ferait repartir aux Etats-Unis ?
Je pense que ce serait musicalement, si j’ai une opportunité incroyable là-bas. Et bien sûr la famille car mes parents et mes deux frères sont restés là-bas.
Tu as collaboré avec le DJ Uppermost, comment s’est faite la rencontre et comment est venue l’idée de ce duo ?
Charles, du label, travaillait auparavant avec lui et il nous a présentés. On a beaucoup discuté. Il avait une chanson sous le coude et m’a proposé de poser ma voix et ça a collé. On a sorti « Whisper » qui n’a rien à voir avec ce que je fais, mais c’était une super expérience. J’adore me diversifier et cette collaboration m’en a apporté d’autres sur lesquelles je travaille en ce moment. Je ne connaissais pas du tout le monde de l’électro que j’ai découvert.
Comment te vois-tu dans 10 ans ?
Je fais de la musique au jour le jour et ça dépend où la musique me portera. Si je dois partir en Asie par exemple, ça ne me posera pas de problème. Je me vois plutôt aux USA, mais la France ne me dérangerait pas. Avoir un pied à terre dans les 2 pays serait parfait. Et je me vois chanter bien sûr, et en vivre.
As-tu une autre passion à part celle de la musique ?
J’adore les voyages. C’est même une passion obsession. J’adore aussi la cuisine que j’ai découverte en France car avant j’étais plutôt micro-onde. Je fais des cupcakes, je n’aime pas les manger mais j’adore les faire.
Quelle est ton actualité dans les mois à venir ?
L’album sort le 14 avril et une release party suivra dans la foulée. Une tournée est prévue dans l’ouest de la France et le but serait de faire des festivals cet été. On travaille sur ça actuellement. Et mon petit projet personnel est de faire une tournée dans le Colorado en septembre.
Quel est le festival que tu souhaiterais faire en France ?
J’aimerais bien faire Solidays et Rock en Seine. Ce sont des festivals en extérieur et ça me rappelle beaucoup ceux aux Etats-Unis.
Quelle est ton occupation préférée ?
En ce moment c’est faire des gâteaux, des cupcakes surtout. Et j’adore faire des mélanges de parfums, récemment j’ai essayé un cupcake basilic, ou rose lavande.
Quel est le don de la nature que tu aurais aimé avoir ?
J’aimerais savoir danser. Je ne suis pas du tout coordonnée et c’est bizarre parce que tu te dis qu’en tant que musicienne tu dois avoir le rythme, mais non. J’adore surtout les ballets classiques.
Quel est ton plat et ta boisson préférés ?
Pour la boisson, je dirais les cocktails, mais des cocktails bizarres. J’en ai testé un récemment au piment citron basilic, c’est un de mes préférés, je ne sais plus où je l’ai trouvé. J’adore les mélanges improbables. Et pour le plat, je dirais les plats huileux de par mon père d’origine tunisienne. J’adore l’huile d’olive et tout ce qui va avec. Et un plat que j’ai découvert ici en France, la raclette que j’adore.
Quel est ton coup de cœur du moment ?
J’ai découvert récemment Izzi Bizu. Elle est anglaise et a sorti un titre qui l’a fait exploser « White Tiger ». J’adore Selah Sue, c’est moins récent mais j’aime beaucoup son univers. Je pense que je vais l’utiliser comme inspiration pour les prochaines chansons. J’aime aussi beaucoup Amy Winehouse et bien sûr quand on me compare à elle vocalement, ça me fait super plaisir. Je remarque que les principaux artistes que j’écoute ont ce grain de voix particulier.
Quelle est la chose que tu détestes ?
Les champignons (rires) et je n’aime pas les mensonges.
Merci beaucoup Jessica et on attend la sortie de ton album pour venir ensuite te découvrir sur scène. En attendant on peut découvrir tes clips comme « Run », « Set Yourself Free » qui vient de sortir tout récemment, et mi-mars le clip de la chanson « Crazy ».