Mamusicale a rencontré le groupe Vaiteani, composé de Vaiteani et Luc, dans le cadre des soirées «This is Monday» tous les lundis soirs au Comedy Club. Une très belle découverte musicale aux sonorités tropicales.
Vous sortez juste de scène de This is Monday, comment vous sentez-vous ?
Vaiteani : J’étais contente, le public était réceptif et j’ai reconnu des têtes polynésiennes dans le public. J’étais émue et super contente en même temps. Ça fait énormément plaisir de jouer dans cette salle qui est très belle.
Luc : il y avait une super atmosphère à tel point que j’ai réellement senti à un moment que les gens étaient posés, dans le calme, comme dans un petit cocon. On ne maitrise pas toujours ce qu’il va se passer sur scène, plein de choses passent dans la tête, mais je me suis senti très à l’aise et heureux d’être là.
Comment vous êtes-vous retrouvez à jouer sur la scène de «This is Monday» ?
Luc : c’est à l’occasion de la sortie du disque, notre manager connaissait les organisateurs de «This is Monday» et il nous a proposé en programmation. Tout ça s’est mis en place avec notre tourneur, notre maison de disque. Le côté intimiste de la salle est parfait et se prête bien à notre duo.
Comment trouvez-vous ce concept de 2 groupes tous les lundis qui se produisent sur la scène du Comedy Club ?
Vaiteani : c’est un rendez-vous identifié et pour les artistes comme nous, en développement, c’est très cool.
Luc : on habite en Alsace et on n’est pas souvent sur Paris et c’est un lieu où j’aimerais bien passé le lundi soir, même si c’est en début de semaine, c’est un chouette rendez-vous et l’ambiance est vraiment très sympa.
Est-ce plus difficile pour vous de jouer devant un public qui vous découvre ?
Vaiteani : je préfère jouer devant des gens que je ne connais pas car lorsque je joue devant des proches ou des amis je peux vite être émue par leur présence. Au lieu que ce soit un soutien, ça me déstabilise plus qu’autre chose.
Votre album sort le 20 octobre et sur cet album il y a des chansons en anglais et en tahitien, comment faites-vous le choix entre ces 2 langues ?
Vaiteani : instinctivement j’écris en anglais parce que je ne parle pas couramment tahitien. Pour les paroles en tahitien, je me fais aider par ma grand-mère et c’est elle qui m’aide avec la mise en forme, la syntaxe des phrases. Mais pour la chanson sur la petite tortue «Honu Iti E», je savais qu’il fallait que je la fasse en tahitien pour rendre hommage à quelqu’un que je considérais comme ma 2ème grand-mère et qui est partie. C’est elle qui m’a accueillie quand je suis arrivée en Alsace pour mes études. Elle était tahitienne aussi et avait épousé un alsacien. C’était logique que ce soit en tahitien. C’est vrai que j’ai de plus en plus envie de chanter en tahitien, je recherche la sensation du tahitien parce que je me sens plus posée en chantant en tahitien.
Quelles sont vos sources d’inspiration dans l’écriture ?
Vaiteani : c’est le quotidien, ça peut aussi être des expériences que j’ai vécues ou que mes proches ont vécues. Ça tourne autour du thème de la mort, de l’amour, la contemplation, la jalousie, le jugement, la culpabilité. Ce sont surtout des émotions qui nous traversent au cours de notre vie.
Comment définiriez-vous votre style musical ?
Luc : on s’est mis une étiquette polynesian folk mais c’est une appellation tout sauf contrôlée. En réalité c’est un métissage de notre musique. On ne fait pas de la musique traditionnelle polynésienne ça s’est sûr. L’identité polynésienne est surtout dans la langue, dans les textes car Vaiteani est tahitienne. Moi j’ai beaucoup bourlingué avec des instruments du monde entier. J’ai beaucoup écouté de musique africaine. Je fais aussi de la musique ancienne, musique médiévale. Du coup j’essaie d’amener des couleurs différentes. Après il y a ce côté folk, ce côté guitare voix qui est très présent dans les ballades. J’introduis aussi des instruments comme le udu, qui veut dire bouteille. C’est un instrument qui vient du Niger et qui est en terre cuite. J’ai aussi une calebasse que j’ai ramenée du Cameroun en même temps que j’ai ramené le balafon, qui est un xylophone africain. Chaque instrument apporte une couleur particulière dans le morceau, qui nous emmène ailleurs.
Vaiteaini : c’est un métissage un peu improbable avec des instruments africains sur de la musique et des paroles en tahitien.
Dans l’album, vous reprenez la chanson « belle île en mer » de Laurent Voulzy, pourquoi cette reprise et pourquoi ce titre ?
Vaiteani : on voulait toucher les français et on sait que c’est une chanson qui fait partie du patrimoine. Dans cette chanson Laurent parle de la distance entre le continent et les îles, les îles qui se trouvent dans l’isolement, tout comme lui a pu le ressentir en tant que jeune métisse. J’ai essayé de m’approprier la chanson en disant que je ne me sentais non pas isolée d’un groupe mais isolée de moi-même étant loin de mon île. L’arrachement à la terre amène l’arrachement en soi.
Luc : On a rencontré Laurent Voulzy en 2011 aux Francofolies où on se produisait pour la première fois sur une grande scène. Il a eu un coup de cœur, et le fait d’avoir sa reconnaissance et sa bienveillance c’est quelque chose qui porte. C’était aussi une façon de lui rendre hommage. La chanson fait des ravages en Polynésie et même les enfants la chantent dans les chorales.
Quelle sera votre actualité dans les semaines et les mois à venir ?
Luc : on a quelques radios de prévu, mais on a déjà des concerts programmés comme le 17 novembre à Drusenheim en Alsace, où on fait également une intervention chez les enfants en leur faisant découvrir la culture polynésienne. On sera le 30 novembre au musical de Bastia, le 1er décembre ce sera Ajaccio. Le 2 février on sera au festival « Au Fil des Voix » au studio de l’Hermitage à Paris. Et il y a quelques dates à Tahiti.
Merci beaucoup à tous les 2 et bravo pour votre album qui est un enchantement.
Luc : Merci beaucoup à Mamusicale et je voudrais en profiter pour remercier la compagnie « Air Tahiti Nui » qui nous soutien dans nos déplacements logistiques et grâce à elle on peut faire des aller-retours entre ici et Tahiti.
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