Cyril Mokaiesh, ordre et beauté au Trianon le 3 mars 2020.

Cyril Mokaiesh, c’était ce mardi 3 mars au Trianon, et c’était bon.

En première partie, la multi-instrumentiste que le chanteur qualifie de « surdouée » : Chine Laroche. Elle déroule pendant une vingtaine de minutes son nouvel album « Au-delà du réel », sorti le 28 février dernier. Accompagnée de Bruno Pimienta, le batteur avec qui elle joue pour la première fois, tantôt à la guitare tantôt au clavier, elle défroisse tranquillement la salle paisiblement assise. Son « Fake » sonne bien, ses blagues sur la procrastination font écho, et ses petits problèmes de prod n’entachent pas l’ambiance atmosphérique dans laquelle elle nous laisse pour accueillir Cyril Mokaiesh.

Entrée en violons dans la pénombre pour l’homme de la situation, en costume aussi sombre que les ballons entre lesquels il ondule.

« Retour à l’origine » introduit ce spectacle de près de deux heures, où il nous livre son nouvel album « Paris Beyrouth », sorti le 10 janvier.

Cyril a l’art de la transition, de la mise en scène et de l’émotion, mêlant souvenirs personnels, rêves étranges (jouer au tennis avec une moon boots suite à un contrôle fiscal) et dédicaces (Jean-Louis si tu nous lis !).

Il touche juste quand il déclame au son du piano quelques vers que lui lisait sa grand-mère, quand il récite un magnifique poème de son grand-père libanais. Il fait rire quand il justifie sa chemise fleurie par le passé hippie de sa mère, quand il engage son public à s’épancher : « C’est pas un spectacle de Brel ».

Mini-gendre idéal, esthète, sincère, et attachant, malgré lui visiblement. La trentaine en équilibre et quête de sens, comme le reflètent ses nouveaux arrangements et ses textes voyageurs et introspectifs. « Pardon Paris », transcendant pamphlet, trouve son écho avec « Le Cèdre », écrite une décennie plus tôt.

« La vie est ailleurs », comme sur cet écran où défilent des vidéos de Beyrouth, où il s’est immergé quelques mois pour composer, en compagnie de son non moins talentueux ami Valentin Montu et de Tamina Manganas à la photo/vidéo. Sa sœur, Séréna Manganas, est à leurs côtés sur scène, alto en main, tout comme Marie-Anne Favreau au violon et Eric Langlois à la batterie, tous très complices.

Les belles inspirations de Bernard Lavilliers sur « Au nom du père » ou encore la reprise avec Arthur Teboul de Feu Chatterton des « Marées hautes » de Dominique A, enchantent le public. Il en est de même avec l’arrivée de Sophia Moussa, jeune rappeuse libanaise qui donne corps à « La lueur », avant une envolée céleste remarquable sur « Mater vitae ».

« Le grand changement » s’impose, réminiscence plus politique, sur fond visuel de salle de boxe, en version électro-orientale, toute aussi séduisante que sa reprise acoustique de « Communiste », que le public reprend en cœur avec ferveur. La recette fonctionne aussi sur « Mon époque » et « La loi du marché ».

Le rappel met le Trianon debout, pour « Du rouge et des passions » écrite à la naissance de son fils Jules, et nous laisse repartir plein de promesses sur « Les hommes de demain ».

En espérant que cette tournée soit pour lui aussi pleine de promesses et l’aune d’une reconnaissance tant méritée.

Pour retrouver l’interview de Cyril c’est par ici  ainsi que toute son actu sur Facebook

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