Chelsea Wolfe règne sans doute sur le folk doom avec une voix féminine puissante, mais Femme Roi mérite également la reconnaissance dans cette reine. Les pipes de Kristina Esfandiari ont mis Femme Roile premier LP de Créé à l’image de la souffrance à un tout autre niveau. L’instrumentation a eu ses moments, mais c’est comme l’équivalent doomgaze de David Tibet en tête du groupe néo-folk Courant 93. La musique n’aurait pas ses qualités de transport sans le chant monstrueux d’Esfandiari. Bien que ce soit techniquement toujours le cas sur Bleus célestes, le groupe étoffe ses arrangements aux côtés de la voix d’Esfandiari.
Bien que Femme Roi a commencé comme un moyen pour Esfandiari de quitter son éducation dans le christianisme charismatique, son aura reste profondément litigieuse. La chanson titre donne un ton profond d’errance spirituelle et de remords existentiels, alors que les mélodies dynamiques d’Esfandiari correspondent aux riffs gargantuesques. Bleus célestes ajoute une morsure plus viscérale à Femme Roi‘s shamanistic, permettant une approche plus accrocheuse et plus directe de leur son.
« Morning Star » et « Psychic Wound » développent ces tragédies cosmiques en se centrant sur les anges déchus. Le nom du premier fait référence à Lucifer lui-même, prenant racine dans un John Milton-ish humanisation de l’adversaire biblique. Ce dernier utilise une métaphore similaire pour illustrer une relation toxique et sordide : «J’ai été banni du ciel/ S’accrochant à sa puissante poitrine. » Le désir charnel et l’agitation intérieure se tissent dans Femme Roiles riffs glacials et les mélodies mornes de , ce qui donne une résonance plus profonde à la distorsion enfumée et aux rythmes pulsants.
D’autres sélections dépendent davantage de le chanteur, mais Femme Roi affiche encore plus d’intention avec le doomfolk gothique de « Golgotha » et la boue de « Coil ».Nous revenons encore/ Dans cet enfer« ), tandis qu’elle imprègne les percussions propulsives et les riffs traînants de « Coil » d’une indigence passionnée contre ses agresseurs (« 5 blessures m’ont fait mourir… Mais je ressuscite»). Dans les deux cas, le guitariste/bassiste Peter Arensdorf et le batteur Joseph Raygoza offrent bien plus qu’un paysage sonore langoureux sur lequel Esfandiari peut jeter ses sorts.
De cette façon, « Boghz » devient Femme Roimeilleure chanson à ce jour. Les riffs sombres et les tam-tams hypnotiques développent une gamme variée de textures pour correspondre aux chants murmurés et aux gémissements courroucés d’Esfandiari. Elle dépeint un rite religieux comme une illustration obsédante de manipulation et de dépendance, prenant de front les progressions d’accords explosives comme Femme Roi monte en puissance jusqu’à un mur climatique du son. La valse mélancolique « Entwined » est presque aussi impressionnante, suivant ce chemin de nostalgie et de recherche de la transcendance jusqu’à pulvériser des blast-beats et des cris. King Woman joue du black metal ? Oui, pour un bref instant, et ça marche.
Femme Roi apporte des sonorités plus gutturales à cet album. Des coupes plus profondes comme « Ruse » restent engageantes en optant pour la jugulaire, alors que celles des débuts avaient tendance à se mélanger. En fait, c’est sans doute la raison pour laquelle « Paradise Lost » fonctionne si bien en tant que rapprochement à combustion lente après les turbulences qui ont suivi. Avec ce moment de clarté vient la réalisation d’un traumatisme à la suite d’une relation horrible »,Il a volé la lumière de mes yeux/Voix si trompeuses. » Le motif des anges déchus revient une dernière fois pour ramener à la maison ce chagrin et cette perte, au milieu de tensions de guitare éthérées et de houles de cymbales minimalistes.
Femme Roi demeure un vecteur d’expression émotionnelle et de ritualisme, et Bleus célestes réussit certainement à cet égard. Ce qui le distingue vraiment, c’est la façon dont il incarne le « Blues » ainsi que le « Céleste ». Le grain et la terreur fondent cet album dans ses atmosphères spacieuses et ses riffs écrasants et boueux. Femme RoiL’approche kaléidoscopique de la doomgaze et du folk ritualiste n’a jamais eu autant d’écho.