« Pousser son cri » pour les mots croisés ça se traduit par aigle ou loup-garou. A la Boule Noire, depuis le 19ème siècle c’est s’exprimer, par le théâtre, la poésie ou … la chanson !
C’est dans cette salle intimiste qui a vu démarrer des pépites, que Guillaume, leader au bonnet noir emblématique du groupe bESS, a choisi de faire la release party de son 3ème album « Metz », ce mercredi 13 février. bESS c’est un peu notre Muse français. Un nom évocateur pour ce groupe aux influences anglo-saxonnes (diminutif de « britESSence »), fort de 200 dates et quelques jolis prix et festivals. Déjà très appréciés par Mamusciale lors de leur prestation en 2017 au Réservoir (lire article), on les attendait avec impatience pour ce nouvel album, en français cette fois.
Le concert commence par un jeu des 7 erreurs. C’est le même. Mais il s’appelle Lucas. C’est son frère jumeau. Il joue seul. En première partie. A la guitare. En français seulement. Tête nue. Éclairages et textes épurés. Tendre découverte qui s’estompe sur les toutes premières frissonnantes notes « d’Alep » (je regrette encore qu’ils n’aient pas joué l’intégralité), dans un épais brouillard qui dévoile son double et ses quatre musiciens.
Ouverture avec « Metz », titre-hommage de l’album éponyme à leur ville d’origine (dont le clip pourrait servir les intérêts de l’Office de tourisme !). Et puis pour faire monter la température et retrouver leur public de fidèles avertis qui se presse devant la scène, l’envoûtant et rôdé « Everybody wants to have a good life ». Celui du nouvel album qui le deviendra bientôt : « Vingt Saint Valentin », que seuls les Messins auront eu la chance d’entendre en concert le jour J, mais que le reste de la France peut découvrir avec le clip sorti le même jour.
bESS nous entraîne alors dans un rock révolté et un peu saturé sur « J’ai pas pleuré », un titre mélangeant français et anglais, envolées lyriques et slam déchirant. Guillaume lâche sa guitare pour cette chanson-course où ses gestes saccadés nous emportent dans une fièvre qui n’est pas que celle de la grippe, invitée elle aussi ce soir-là.
Retour aux premières amours avec le très radioheadique « By my side ». En cette deuxième partie, la communion avec le public est de plus en plus forte. On s’est laissés aller au son du ukulélé et des riffs du talentueux André Margail, on a ri sur leurs déboires de Perpignanais hésitant à monter à Paris avec des pneus-neige, on a chanté « Lalala» sur « I Won’T leave you on a sunny day », on a adoré quand Guillaume s’est jeté dans la foule pour danser avec nous, on a vibré sur « Je veux te voir demain » et les très rythmés « Tant que je te respire » et « J’aimerais », sur des éclairages très rock.
Non seulement j’ai apprécié l’enchaînement original de l’ensemble, entre anciennes et nouvelles compos, entre français et anglais, mais j’ai adoré le choix des morceaux du rappel, dont le très beau « all the little things », et ai été touchée par la sympathie de cette famille musicale recomposée mais soudée, à l’énergie communicative. J’ai aimé ce trouble d’essences et des sens en cette veille de St Valentin. Cœur avec les doigts.
En effet, à la Boule Noire, on ne lit pas l’avenir, on l’écoute. Et je vous invite à les écouter à l’avenir si ce n’est pas déjà fait. Retrouvez toute l’actualité du groupe sur bess.fr
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