Mamusicale a rencontré cet artiste touche à tout, arrivé en France voilà quelques années avec son univers Gospel.
Bonjour Bassey, pourrais-tu te présenter en quelques mots pour les lecteurs de Mamusicale ?
Bonjour. Je m’appelle Bassey Ebong, je viens du Nigéria. Je suis arrivé en France en septembre 2003. J’aime la musique et j’essaye de la partager au maximum.
Comment es-tu arrivé au Gospel. Etait-ce par choix ou par évidence ?
C’est ma mère qui m’emmenait à l’église quand j’étais jeune et c’est là que j’ai découvert les chorales chantées, et je suis tombé amoureux du gospel. Ensuite j’ai dirigé une chorale et c’est le gospel qui m’a donné envie de continuer la musique.
Tu as été chef de cœur pendant de longues années et tu as créé ta propre chorale en 2012, c’est un sacré challenge…
Je suis toujours chef de cœur. A Paris j’avais auditionné pour des chorales et à un moment donné je me suis dit, c’est bien, mais il me manque quelque chose. Tout le monde avait cette image du gospel avec des chants comme « oh happy day », « oh when the saints ». Je me suis dit il y a plus que ça et j’ai créé cette chorale pour pouvoir partager différents styles musicaux. Je me suis beaucoup orienté sur le gospel d’Afrique du sud car mon père adorait l’Afrique du Sud. J’ai grandi au Nigéria mais avec des artistes d’Afrique du Sud comme Miriam Makeba.
Le gospel est un chant très particulier, qu’est-ce que tu ressens quand tu chantes du gospel ?
Pour moi c’est une bonne école. Ici il y a beaucoup de croyants et beaucoup de personnes qui aiment juste la musique, les harmonies. Et moi ce sont les harmonies qui me font vibrer. Chaque fois que je suis avec ma chorale je sens une énorme satisfaction même si ce n’est que 2 heures par semaine, mais ça m’enrichit beaucoup.
Quels sont les messages particuliers que tu veux faire passer à travers le gospel ?
Ce sont des messages de tolérance, d’amour. J’accepte tout le monde dans ma chorale, des chrétiens, des musulmans, des bouddhistes, des non croyants. Je dirais « Unity » pour rester ensembles.
Quelles sont tes influences musicales ?
C’est très vaste mais je dirais le gospel en premier, et Paul Simon m’a beaucoup inspiré quand j’étais jeune. Tout comme Miriam Makeba, Yvonne Chaka Chaka, et aussi le groupe a capella Ladysmith Black Mambazo.
Quels sont les thèmes que tu développes dans tes chansons ?
J’aime tout ce qui touche à l’amour et n’importe quel amour, entre un homme et un homme, un homme et une femme. Des histoires qu’on partage tous les jours, des regrets, l’espoir, la tolérance. Mais je suis aussi accès sur les choses que je souhaite dénoncer et qui me touche comme le racisme. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle j’ai composé la chanson « Proud ».
Tu parles de racisme et tu as d’ailleurs fait l’objet de propos racistes. Prends-tu la musique comme un exutoire ?
On n’est pas toujours libre de dire ce que l’on pense, et la seule manière aujourd’hui de dire réellement ce que je pense c’est de chanter car je ne dois pas demander la permission à quelqu’un. Je ne dois pas avoir peur de savoir comment telle ou telle personne va prendre la chanson, c’est à elle de décider ce que la musique lui apporte au plus profond de son être. J’ai fait l’objet de racisme mais je ne suis pas victime car je sais que ce n’est pas une généralité. Je suis en France depuis 15 ans et j’ai rencontré des gens adorables que ce soient des noirs, des blancs, des jeunes. Je pense que j’étais juste au mauvais endroit au mauvais moment.
Tu as créé ta propre chorale et tu es toujours chef de cœur, pourquoi avoir voulu lancer ton projet solo ?
Après toutes ces années, j’ai composé pas mal de morceaux et j’avais toujours hésité à partager ma musique. Il y a des sujets qui me touchaient tout particulièrement et quand j’ai écrit ce morceau « Proud », je me suis dit ça c’est mon histoire et c’est moi qui doit le chanter. C’est à partir de là que je suis allé au festival Fallenfest et on a gagné le concours. Je voulais tester mes morceaux là-bas pour voir ce qui allait en ressortir. On peut dire que c’est grâce à Fallenfest que j’ai eu envie de partager encore plus.
Tu parles de Fallenfest mais tu as également gagné le concours RTL. Est-ce une fierté personnelle ou le prends-tu aussi comme un tremplin ?
Un peu des deux. Quand on connait le monde de la musique aujourd’hui, c’est une source de rencontres, et tout dépend de l’endroit où tu trouves et à quel moment. Il y a un an je n’aurais jamais imaginé me retrouver dans le studio de RTL. Je suis très fier que ce soit arrivé et surtout je suis très reconnaissant envers les personnes qui m’ont permis d’y accéder.
Dans un registre complètement différent, tu as travaillé avec Coline Serreau et Muriel Hermine, comment se sont passées les rencontres et comment arrive-t-on à travailler avec ces personnes-là ?
Ce sont deux personnes adorables que j’ai eu la chance de rencontrer par le biais d’une amie commune. Coline Serreau c’est comme ma mère. C’est grâce à elle que je suis là aujourd’hui. C’est elle qui a payé mes études. Je ne la connaissais pas du tout au départ et lors de notre rencontre elle m’a demandé de lui écrire une chanson, ce que j’ai fait. C’est à partir de là qu’on a commencé à travailler ensemble.
Tu as monté un opéra gospel avec des enfants et un autre sur la vie de Martin Luther King, peux-tu nous parler de ces deux expériences ?
Comme je disais tout à l’heure, tout est basé sur des rencontres. En discutant avec un ami, il avait l’opportunité de réunir des enfants. On a ensuite présenté le spectacle deux fois dans une salle. C’était un moment très fort. Ensuite on a créé un opéra avec des adultes qu’on a présenté à l’UNESCO. Ce sont des choses que j’aime faire. J’aime beaucoup le partage, et le seul point commun dans ces différents projets c’est la musique, la musique par l’opéra, la musique par la création, la musique par la direction des chœurs, par la composition. J’ai beaucoup d’autres projets à venir et la musique reste le centre de tout.
Quel est le rêve le plus fou que tu souhaites réaliser ?
Aider les artistes à réaliser leurs rêves. Je ne sais pas combien de temps je vais pouvoir chanter mais je sais comment je suis arrivé où j’en suis aujourd’hui. Si je peux aider les autres à ne pas faire les mêmes erreurs que moi, je serai très heureux.
Tu as déjà fait de belles salles parisiennes comme la Boule Noire, le Batofar, Le Réservoir. Quelle est la salle que tu rêverais de faire ?
J’aimerais beaucoup faire le Divan du Monde et la Cigale. Et si je vois plus grand je dirais le Stade de France (rires), et j’aime aussi beaucoup le Zénith.
Quelle est ton idole dans le domaine de la musique ?
Je ne suis pas très fidèle envers tel ou tel artiste car je change souvent, mais quand je manque d’inspiration, j’écoute Stevie Wonder, et un autre plus actuel, John Legend. Ils ont quelque chose dans laquelle je m’identifie. Et je dirais aussi Ladysmith Black Monbazo et Paul Simon. Le concert de Graceland, je l’ai regardé avec mon père au moins 150 ou 200 fois. Ce sont des sonorités que j’adore.
Tu as sorti ton single « Proud » le 19 juin, quelle est ton actualité à venir ?
Je suis en train de préparer l’EP qui sortira probablement en octobre et si possible la sortie d’un deuxième single en septembre. Mon plus grand plaisir serait ensuite de trouver des dates et des salles pour partager ma musique avec les gens. Je me sers aussi de la musique pour des œuvres caritatives. L’année dernière on a fait quelque chose pour la sclérose en plaque et cette année ce sera contre le diabète, en octobre. Sinon j’ai une première date de concert le 13 septembre au Réservoir.
Si tu croisais le jeune Bassey Ebong à 10 ans dans la rue que lui dirais-tu ?
Je lui dirais que le plus important est de ne pas douter et de ne pas avoir peur.
Si tu pouvais changer 3 choses ce serait quoi ?
La première c’est que j’aurais aimé avoir commencé la musique plus tôt. La deuxième est que j’aimerais avoir ma famille en France avec moi. Et la troisième c’est que je regrette d’avoir commencé à fumer (rires).
Quelle est la chose qui t’a le plus marqué à ton arrivée en France ?
Les gens qui s’embrassaient dans le métro ou qui mangeaient dans le métro. En Afrique, manger est quelque chose de très important mais j’ai très vite compris qu’entre deux travails tu n’as pas le temps de te poser pour manger.
Penses-tu retourner un jour au Nigéria ?
J’aimerais beaucoup. Je ne sais pas si j’y retournerai définitivement mais de temps en temps oui. J’aimerais mettre mon expérience au service des gens là-bas et changer leur point de vue car en Afrique, chanter n’est pas un métier.
Merci beaucoup Bassey et on peut te retrouver très bientôt sur la scène du Réservoir pour découvrir ton univers.
Merci à Mamusicale
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