Dérive vers le noir ont toujours livré du métal gothique/doom/prog de premier ordre, mettant l'accent sur une base originale tout en incorporant des saveurs de Paradis Perdu, Ma femme mourante, Chandeleuret Fantôme. Qu'ils ont sorti six LP en autant d'années (à commencer par celui de 2018 Soleils morts sous la lune éternelle) rend leur cohérence encore plus remarquable, et Des voix sous les décombres ne fait que renforcer cette distinction. Suivant en cela les traces de 2022 Terre déchiréeson absence de grognements et son accent mis sur les éléments symphoniques en font leur sortie cinématographique la plus douce et la plus agréable à ce jour.
Une autre aventure conceptuelle (bien que son récit/ses thèmes n'aient pas été révélés), Des voix sous les décombres voit le trio – chanteur/multi-instrumentiste Craig Rossibassiste Paul LaPlacaet batteur Clément Markelj – « évoluer[ing] « en tant que musiciens et conteurs » pour créer « leur album le plus immersif à ce jour ». Peu importe de quoi il s'agit réellement, le disque coule de manière exquise et exploite en effet une large gamme d'émotions et de styles.
Bien que globalement plus calme, la collection n'en est pas moins très percutante. Le prélude instrumental « The Horns of Despair », par exemple, est à la hauteur de son titre en proposant environ deux minutes de chants médiévaux, d'accords de piano désolés, de cordes sombres et de riffs et rythmes de plus en plus agressifs. De toute évidence, il prépare bien le terrain pour ce qui va suivre tout en démontrant la capacité avancée du groupe à écrire des arrangements nuancés et de bon goût.
À son apogée (à mi-chemin), la chanson-titre est dirigée par des percussions implacablement fougueuses, une orchestration malveillante, un jeu de guitare rebelle et des paroles apocalyptiques (« Screaming loud, you hear their voices / Beneath the rubble / Don't look back on what you've left behind »). C'est un paysage musical diabolique mais élégant qui, à tous égards, est séduisant et théâtral. On peut en dire autant des belliqueux « Forever King » et « Blood Storm », qui sont tous deux agréablement boueux et infernaux sans atteindre les sommets brutaux de compositions précédentes telles que « It Fell From the Sky » et « Snowbound ».
Ailleurs, le trio explore certains des morceaux les plus mélodiques et accueillants qu'ils aient jamais créés. En particulier, l'hommage au heavy metal « The Great Machine » est bourru mais aussi très accrocheur et simple, avec une structure traditionnelle qui se prête bien à la diffusion radiophonique. Plus tard, la ballade « Last Hope » est pleine de remords et relativement délicate – surtout pendant le refrain nostalgique – et ses timbres légèrement celtiques et son accompagnement symphonique ajoutent à sa beauté et à son émotivité.
« What's Left in the Fire » présente même des harmonies féminines éthérées (avec l'aimable autorisation de Alyxx), cordes pincées, accords de piano, sons électroniques, grattements de guitare acoustique et chant principal réfléchi. Ensemble, ils donnent l'un des Dérive vers le noirLes compositions les plus cinématographiques et raffinées de l'album. Le final « December » conserve également toutes ces qualités, permettant au LP de persister avec des implications obsédantes et du style bien après que les soufflets et les dissonances de la conclusion se soient estompés.
Peu importe si Des voix sous les décombres est Dérive vers le noirmagnum opus, c'est absolument un nouvel ajout intéressant à leur estimé catalogue. Encore une fois, le fait qu'ils soient capables de produire constamment un travail de qualité à un rythme aussi soutenu est remarquable, et ils mélangent suffisamment leur formule pour plaire et Des surprises à chaque tournant. Bien sûr, le chemin un peu plus doux du disque ne conviendra peut-être pas à tout le monde, mais c'est un risque que la plupart des fans devraient au moins apprécier, voire adorer.