J’ai passé quelques années de mon enfance à vivre avec mes cousins et la voix de Harry Belafonte. Ou alors il semblait. Nous avions une face ou l’autre de son album de deux disques « Belafonte at Carnegie Hall » avant d’aller à l’école, pendant que nous faisions une descente dans le réfrigérateur après l’école puis avant l’heure du coucher. Nous nous levions le matin et chantions « DAY-O! », le refrain de sa célèbre chanson inspirée par les travailleurs jamaïcains des bateaux bananes ; Enfant, Harry Belafonte avait fait des allers-retours entre Kingston et Harlem.
En regardant cela aujourd’hui, il peut sembler inauthentique pour notre famille hispano-juive-irlando-catholique de chanter des lignes de chansons folkloriques jamaïcaines. Mais Harry Belafonte nous a emmenés dans une sorte de tournée mondiale sur cet album de Carnegie Hall, de la Jamaïque à l’Irlande, le sud des États-Unis, la Terre Sainte, le Mexique, Haïti et retour.
J’ai appris « Danny Boy » et « Hava Nagila » en écoutant « Belafonte at Carnegie Hall ». Je lui ai dit cela, la seule fois où nous nous sommes rencontrés – lors d’un concert, à La Havane – et il a ri et a dit : « Hava Nagila signifie : ‘Réjouissons-nous !’ C’est jamaïcain dans l’esprit ! »
L’album s’est vendu à plus d’un demi-million d’exemplaires après sa sortie en 1959. Il est resté dans les charts pendant plus de trois ans et est resté en production jusqu’à ce que RCA arrête de presser des LP. Mais je n’ai pas appris, jusqu’à ce que j’ai lu sur la vie extraordinaire de Harry Belafonte quand il est mort cette semaine, à l’âge béni de 96 ans, que les deux nuits d’enregistrements au Carnegie Hall ont commencé comme une faveur à Eleanor Roosevelt, pour collecter des fonds pour une école servant ce qu’on appelait alors les garçons troublés ou capricieux.
L’humanitarisme de Harry Belafonte n’était pas seulement une partie d’un acte. Il était proche du Dr Martin Luther King Jr., a aidé à organiser la marche de 1963 sur Washington et a manifesté contre l’apartheid en Afrique du Sud. Il a soutenu les manifestants et les militants et de la manière la plus directe et la plus personnelle, en versant une caution et en aidant au loyer.
Il a raconté à NPR en 2011 comment sa mère lui avait dit : « Ne laisse jamais l’injustice passer inaperçue. » A cause d’elle, dit-il, « j’ai été longtemps un activiste avant de devenir artiste ».
Cette semaine, je me suis retrouvé à revenir sur son album de Carnegie Hall : des chansons de toute l’humanité, à la voix élégante, gracieuses de la douce râpe d’Harry Belafonte, qui semblent parler d’amour et de nostalgie, et des aperçus d’un monde meilleur dans le distance.