Tout était là, très tôt, chez Pauline Rambeau de Baralon. Le son d’abord, puisqu’elle grandit entre des cours de clarinette, le blues d’un père guitariste, la musique classique et la chanson française. Les images ensuite. Des débuts comme compositrice de films, de courts-métrages et de pubs sur les bancs prestigieux de la Fémis. Aujourd’hui P.R2B sort son premier EP “Des Rêves” et met définitivement ses chansons en pleine lumière. Rencontre avec une jeune artiste à l’énergie brute et irradiante.
D’où viens-tu et où as-tu grandi ?
Je viens de Bourges et j’ai grandi là-bas.
Tu as participé au Printemps de Bourges imaginaire. A cette occasion tu as publié une vidéo qui témoigne de ton amour pour la scène.
Je faisais partie des Inouïs cette année. Je devais jouer mais cela a été décalé au 16 septembre au Palais D’Auron. Normalement nous allons jouer dans une salle de 200 à 300 personnes. Ça me tenait particulièrement à cœur de revenir dans ma ville, là où j’ai commencé. D’autant plus qu’une grande partie de ma famille est là-bas. Malheureusement les concerts proposés seront assis. Je n’ai pas adapté mon concert aux circonstances. Au cas où ça démangerait les gens, ils pourront évidemment danser…
C’était quand ta dernière fois sur scène ?
Il y a eu quelques sessions live à Marseille cet été. Mais aussi “Y’a des Francos dans l’Air”, avec 3 titres ! Pour l’occasion, ils avaient réunis 1000 personnes. Tout le monde était suspendu car on savait que ça n’allait sans doute pas durer.
Tu as fait tes débuts comme compositrice de musique de films, de courts-métrages et de pubs. Quand as-tu réellement décidé de te lancer dans la composition de tes premiers morceaux ?
En fait, tout est venu un peu en même temps. J’ai eu un coup de cœur pour le cinéma. Mon père était musicien donc j’avais aussi beaucoup de musique à la maison. Ma mère en écoutait aussi. J’avais envie de dire des choses, donc j’écrivais un peu mais je cherchais la forme la plus directe et surtout la plus hargneuse. La chanson, c’est direct, ça sonne. A ce moment-là, c’était des trucs un peu punk que je chantais, du genre « je peux pas avoir ma dérogation de cinéma ».
Comme un journal intime chanté ?
Ouais, c’était limite un documentaire chanté de ma vie ! J’ai aussi toujours aimé travailler les sons, pratiquer des instruments, toucher à tout. Après, j’ai décidé de me former réellement dans le domaine de l’image, puisque j’ai fait la Fémis pour apprendre la mise en scène. En parallèle je continuais la musique. Le lien qui s’est fait tout de suite, ça a été les musiques de films.
Qu’est-ce qui t’a plu durant ces années ?
Déjà, je crois que j’adore travailler pour d’autres personnes. Ce genre de projet pour des films est aussi très inspirant car il faut rentrer dans un autre univers. C’est un langage différent. En sortant de la Fémis, je me suis dit que c’était le moment pour moi de me lancer.
Pourquoi la chanson française ?
Je trouve qu’il y a une nouvelle génération de la chanson française qui n’a plus peur et qui s’en fout des codes. A l’époque tu avais l’impression que chanter en français c’était un “style”.
Dans Des Rêves, on retrouve quelques passages rappés. Est-ce que le rap fait partie de ta culture musicale ?
Pour le coup, je dirais que je suis une enfant de mon temps. Mon père écoutait énormément de blues, beaucoup de picking. Ma mère écoutait de la musique du monde. Des sons capverdiens. Tout cela rythmait mon quotidien, ça apportait beaucoup de douceur !
La chanson française a aussi beaucoup fait partie de mon enfance. Ma mère adorait Higelin, mon père écoutait Léo Ferré. Vers l’adolescence, j’ai commencé à découvrir le RnB, le rock et le rap. Je suis passée pas une phase jazz, puis musique brésilienne avec la bossa. J’aime aussi me perdre sur Youtube et découvrir de nouvelles sonorités !
D’ailleurs, tu as réalisé le clip Des Rêves qui est sorti mercredi. En ayant baigné dans l’univers du cinéma et fait des études tournées vers l’image et le son, cela te paraissait-il cohérent de réaliser toi-même tes clips ?
C’était un tout ! J’avais envie que les clips racontent des histoires, et qu’ils aillent au-delà de simples outils de promotion, même si on sait très bien qu’en ce moment on peut pas vraiment faire de musique sans image. L’image va raconter une radicalité que j’ai envie d’exprimer dans mes morceaux.
Le morceau Océan Forever, paru sur une compilation de La Souterraine à l’automne 2017, t’a repéré comme l’une des grandes révélations de l’année. Comment expliques-tu cela ?
C’est toujours un peu mystérieux. Ce qui est drôle, c’est que j’ai écrit cette chanson de manière complètement naturelle. Je revenais de vacances dans le sud-ouest. J’ai l’impression que c’est sorti des mes tripes. Il y a une naïveté et à la fois une rage à l’intérieur. Je pense que c’est ce mélange-là qui a parlé aux gens. Ce morceau représente pas mal le projet.
Tu as travaillé en studio, avec Tristan Salvati (Julien Doré, Angèle, 47ter), qui a réalisé tous tes titres. Comment l’as-tu rencontré ?
Il avait écouté Océan Forever qui lui était resté en tête. Il a parlé à mon éditeur en lui disant qu’il avait trouvé ça intéressant. Je voulais qu’il vienne me voir en concert car selon moi le projet prend tout son sens en live.
Comment avez-vous travaillé ensemble ?
On s’est enfermé pendant quasi 2 mois en studio. Comme il est multi-instrumentiste, on travaillait tous les deux sur les arrangements. Moi je lui apportais mes sessions Abelton Live avec une orchestration et on reprenait tout ensemble. Je voulais que ce soit des synthés analogiques, pas de VST. On a tout rejoué. Ce qui était beau, c’est que c’était hyper intuitif. J’avais le désir d’être avec quelqu’un en studio car pour moi la musique c’est avant tout du partage. Il en sort un truc hyper intime et travaillé.
Quel est le moment ou le lieu idéal pour écouter P.R2B ?
Je dirais que c’est un projet plutôt tombé de jour. Et pour le lieu, je dirais la voiture. Moi j’ai beaucoup d’idées et j’adore écouter de la musique en voiture. L’atmosphère et les paysages. Les musiques de voyages, on les garde dans la tête.
Et pour finir, peux-tu nous donner les artistes que tu écoutes en ce moment, et que tu nous recommandes ?
On commence par la famille. Je dirais Hervé parce qu’on a fait pas mal de trucs ensemble. C’est quelqu’un que j’aime beaucoup, qui fait des choses extraordinaires en live. Il est d’une intégrité sur son projet qui est très forte.
Bonnie Banane, que je ne connais pas du tout mais que je trouve fascinante. J’aime les projets qui ont un univers un peu étrange. Ça fait du bien un peu de bizarrerie ! Elle vient du théâtre. Elle incarne, bouge, regarde dans les yeux… J’adore.On va faire une petite case “Gens des Franco géniaux”, dans laquelle se trouvent les brillants Terrier, Fils Cara et Clara Ysé. J’aime énormément ces projets. Ils ont un souci du texte qui me touche énormément.
Merci infiniment pour cet échange !
Vous pouvez retrouver le tout premier EP de P.R2B « Des Rêves » sorti le 11 septembre et disponible sur toutes les plateformes de téléchargement. Suivez toute son actu sur Facebook et Instagram.
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