En ces temps de confinement et de décentralisation musicale, on se connecte à l’Auvergne, avec dans les oreilles le 20ème album de Jean-Louis Murat.
Baby Love, suave galette rose à la pochette disco délicieusement kitschissime, est sorti juste avant les portes closes, le 6 mars 2020.
Le chanteur est prolixe. Comme il dit, c’est le fait d’habiter à la campagne avec un trop plein de vie. Alors il sort un album par an. Celui-là c’est le 20ème. Au milieu de toute sa production, singles, musiques de film, milliers de dates de tournée. Baby love, album co-réalisé avec son compère de toujours, Denis Clavaizolle, s’aventurant dans un registre différent musicalement des précédents.
Baby Love, en référence à un titre éponyme des Supreme, qui avait mis en lumière Diana Ross. Album dans les traces des idoles blues du chanteur : Tony Joe White et John Lee Hooker. Au ton volontairement funk, inspiré par Earth Wind and Fire, pour un résultat au bon groove qui met des paillettes dans nos vies de confinés. Bon, à la différence que Murat reste un poète proustien presque sorcier, aux textes et allusions à sens multiples parfois incompréhensibles pour les incultes, qui décoiffent davantage que ses mélodies extatiques.
Et que cet album chronique essentiellement sa séparation, comme la plupart de ses albums, reflets de ses errements sentimentaux. Le chanteur qui va bientôt commencer une nouvelle décennie, commence par se dévoiler un peu cafardeux et déboussolé par cette rupture dans Troie « Arrête de m’emmerder s’il te plaît » « Je ne sais plus qui je suis » « Mon amour a duré des milliers de nuits – je ne sais plus où je vis ». Idem dans Ça c’est fait : « Si tu voulais me rendre mon âge, ça c’est fait, babe ». Dans Le mec qui se la donne, le gars de la Bourboule annonce qu’il « vaut mieux en rire ». Il évoque le jour de l’audience de divorce dans La reason why « OK dégage, Chuchota l’avocate, Cette fois c’est la guerre ».
Lueur d’espoir avec sa nouvelle rencontre et des riffs plus gais sur La princess of the cool « C’en est bien fini de l’éternel retour du blues- Je te présente, mon chat- La nouvelle princesse of the cool ». Avec toujours sa poésie savamment tendancieuse : « De source ça coule – Mon navire baise sa houle ». Un Jean-Louis malheureux a retrouvé la force d’aimer dans Si je m’attendais : « Qu’il est bon de t’aimer au cœur ». Il a bien fait de Rester dans le monde. Moralité dans Tony Joe : « Fais gaffe à celle qui n’aime plus la guitare ».
Que vive le rock, quelle qu’en soit sa forme et les effets produits, et que Murat continue de groover avec sa princess of the cool !
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Chroniqueuse / Live report / Interviews