FESTIVAL CHORUS 92 BIS – UNE EDITION SPECIALE

Le 1er octobre 2020 a eu lieu la soirée dédiée au tremplin Chorus, qui fête cette année ses 10 ans. Comme beaucoup de festivals, Chorus 92 a été contraint d’annuler en mars dernier son édition.  Avec  force et motivation, l’équipe d’organisation a mis tout en œuvre pour faire quand même quelque chose à l’auditorium de la Scène Musicale. Il n’y aura pas de lauréat mais les 6 artistes seront distingués.

En effet, le département des Hauts-de-Seine a souhaité donner un signal de solidarité fort au regard des difficultés rencontrées par la filière, liées à la crise sanitaire pour cette édition. Il a été décidé de créer un Prix collectif permettant à chaque groupe de la sélection 2020 de bénéficier d’une aide professionnelle de 3000€. Ça reste un événement exceptionnel étant donné le contexte sanitaire. Pour apprécier cette soirée, il fallait avoir de l’ouverture musicale. L’éclectisme était présent pour cette programmation.

19h30, la moitié de la salle est vide, restriction Covid oblige mais la salle est superbe et une chance rare est donnée pour les artistes de ce soir.

Fils Cara ouvre cette soirée, plutôt seul sur cette grande scène sombre, accompagné de son frère au clavier. Jamais simple de commencer… Ambiance tamisée, 30 minutes pour découvrir que ce jeune artiste jongle avec la langue française de son époque et l’intimisme musical comme un équilibriste. Fils Cara vie ses chansons avec expression et parfois retenue.

J’aurais aimé plus d’arrangements et d’énergie musicale sur cette sub pop car le potentiel du jeune artiste est bien là. Dommage !

J’attendais avec impatience de découvrir le duo Global Network. Loris Sasso et Nils Peschanski ont tous les deux grandi en banlieue parisienne, entre nature et urbain. Le projet est né en 2018 et s’inspire d’artistes qu’ils adorent comme Franck Ocean, Beyoncé ou encore Radiohead. Les dieux de la musique n’étaient pas avec eux . 30 minutes c’est déjà court en temps normal mais avec de multiples problèmes techniques, le live prenait une tournure rocambolesque. Gérer l’imprévu et faire au mieux a été certainement douloureux et une déception pour Global Network.  A revoir dans de meilleures conditions car ce soir impossible de se faire une idée …. Seule certitude, la voix est juste magnifique !

Autre univers présent ce soir avec le quatuor punk rock We hate you please die. Première batterie ce soir sur scène, basse, guitares. Je découvre un son brut que je n’avais pas entendu depuis un moment qui m’arrache un peu les oreilles. J’observe ce groupe composé de deux filles et deux gars.  Grosse énergie, lâché prise et on donne tout…c’est ce que j’ai ressenti. Au fil des morceaux, je suis rentré dans leur univers et j’ai retrouvé ce qui animait les groupes de punks dans les années 70 et 80.

Assis sur mon siège en velours rouge, ça fait très bizarre mais pas le choix, le service d’ordre de la salle veille et n’hésite pas à recadrer le public. Avec WE Hate you Please Die, le pogo et la musique ne font qu’un. A revoir sans aucun doute dans d’autres conditions avec un meilleur son.

Après une pause de 15 minutes, reprise du live avec Nyoko Bokbae. Un trio atypique qui dès le début a suscité ma curiosité. Avec ces deux chanteurs, mannequins et noctambules : John Grace & Boy Fall la scène s’illumine sous la grisaille parisienne. Unique, le groupe est tout simplement hallucinant. En tendant l’oreille, je me demande en quelle langue ils chantent.

Ça change tout le temps. En wolof, en français ou en anglais, c’est un tourbillon de musique nigérienne, de R’n’B américain ou encore de broken beats anglais. Ce n’est pas ma sensibilité musicale mais j’avoue qu’ils m’ont marqué que ça soit au niveau de leur image ou musicalement.

Arrive sur scène le jeune Terrier que Mamusicale avait rencontré il y a quelques mois. Ce soir on le voit en formule duo avec un batteur, lui à la guitare, basse et  chant.

Caché derrière un bob, un short Adidas et chaussettes hautes, la classe ! Il faut attendre le 5 ème groupe pour apprécier enfin la qualité du son. Propre avec du volume, tout ce que j’aime. Terrier vient de la Roche-sur-Yon en Vendée. On ressent l’émotion qu’il a d’être présent sur scène et le privilège de jouer dans cette salle. Il se démarque par sa voix saturée et son phrasé qui tend vers le slam. Ce mélange en fait sa particularité. Textes en français, parfois bruts qui touchent en plein cœur avec des sonorités actuelles. Coup de cœur confirmé pour Mamusicale !

23h30 et dernier groupe à se présenter Taxi Kebab. Avec un nom pareil, je ne savais pas à quoi m’attendre…  Romain Henry aux machines et Lea Jiqqir au chant, buzuq et guitare composent ce duo venu d’ailleurs. Il m’ a fallu rester tard pour entendre leur musique mais ça valait vraiment le coup. Ce mélange de genre entre synthétiseurs et boîte à rythme, guitare modulée, buzuq amplifié et chants scandés en darija.  Un son complètement psyché, désorienté et “désoriental”.

Grosse puissance sur scène, ils m’ont impressionné.  A découvrir sans plus attendre, gros coup de cœur de cette sélection 2020.

Bravo pour cette programmation, il fallait oser et j’ai adoré. Même s’il n’y a pas eu de gagnant au final, TAXI KEBAB est bien la révélation de ce tremplin Chorus, de mon point de vue.

chorus-hauts-de-seine.fr                                   Crédit photo : JF-Hernandez