Le « Lupanar Chic » lascif et envoûtant de Thomas BREINERT

Le nouvel album de Thomas Breinert « Lupanar chic » est sorti le 1er février dernier. Velours voluptueux, il est toujours aussi agréable à écouter dans l’attente d’un printemps qui ne vient pas.

Comme fil (de soie) rouge : la Femme. Dans toute sa beauté, ses côtés obscurs. A quasiment tous les titres. Et les siens, en filigrane… Thomas Breinert n’a pas la gueule du type qui passe ses nuits au bordel. Il est plutôt du genre à traîner en Tristes Sires (leur ancien groupe) avec le dégingandé Vincent Delerm, qu’on retrouve d’ailleurs pour un joli duo sur « L’infirmière de Frankenstein ». Et pourtant quand on écoute « Lupanar Chic », titre phare de l’album éponyme, on sent la luxure de la maison close, les errances interlopes du sexe masculin entre soie et dentelle.

Thomas Breinert n’a pas la gueule de Gainsbourg. Et pourtant il nous met « L’eau à la Bouche » avec sa sensuelle reprise rock du grand Serge. Thomas Breinert n’a pas la gueule d’un mec fauché. Et pourtant dans « Kopeck », il dénonce ces femmes mantes religieuses qui n’ont aucuns scrupules à dépouiller les hommes à american express et à vivre grand train sur fond de strass et champagne. Thomas Breinert n’a pas la gueule d’un mec déprimé et anxieux. Et pourtant dans « Vagabonds », « Echo » et « Venus », il nous transporte dans les arcanes de ses réflexions personnelles, ainsi que dans ses insomnies dans « Une nuit à la Toumaï » et ses errances sentimentales dans « Etoile Filante ».

Thomas Breinert sait conter la femme dans toutes ses subtilités. « Toxique » est-elle, en élégante ballerine angélique parfois machiavélique, qui fait se détraquer le cœur des hommes qu’elle sait rendre fous. Jalouse est-elle, en « Anna » amoureuse. Froide observatrice de ce monde déshumanisée est-elle, en « Valentine » aux yeux bleus. Fille fragile et évanescente est-elle, contre un torse d’« Imperator ».

Thomas Breinert a le phrasé d’un Bashung, l’élégance vocale d’un Dutronc, et le rock à la Noir Désir dans ses belles années. Ses textes ciselés sont d’un admirable équilibre. Les mots sont bien choisis et les phrases parfaitement rythmées pour cet amoureux de langue française (essayez de dire « les choucas s’cachent » pour voir) et des références littéraires haut de gamme (« Le promeneur solitaire relit Rousseau à la lumière de son héros »).

Guitares et claviers sonnent un rock chic et envolé, aux accents quelques fois bluesy ou country aux allures de « Désert » à la Cohen. De ci de là quelques notes plus électro. Le tout pour un instrumental sensuel servi par l’aide de Romain Dudek, co auteur de certaines mélodies. Thomas Breinert est définitivement un dandy rocker made in France à suivre absolument !

Retrouvez toute son actu sur Facebook et sur thomasbreinert.com

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